Un CV à double lecture
Décrit par le site du FGIS comme « un banquier d’affaires reconnu », le parcours professionnel de Persis Lionel Essono Ondo semble pourtant semé d’incertitudes. Selon Africa Intelligence, il aurait commencé sa carrière à Natixis Capital Equity, à Paris, avant de rejoindre Nexus Capital Market au Luxembourg. Toutefois, ces deux entités suscitent des interrogations : Natixis Capital Equity n’aurait jamais existé, tandis que Nexus Capital Market n’est pas enregistrée au Luxembourg. Une entreprise du même nom existe au Royaume-Uni, mais elle n’a été fondée qu’en 2022, soit quatre ans après la période mentionnée dans son CV.
En 2020, Essono Ondo cofonde Racine Investment Bank (RIB) à Londres, présentée comme un acteur accompagnant les entrepreneurs africains dans leurs projets stratégiques. Cependant, Africa Intelligence révèle que cette banque affiche des actifs nets limités à 100 livres sterling (environ 75 000 FCFA, soit 120 euros) en 2023, ce qui soulève des doutes sur la réalité de ses activités. Une filiale, Racine Investissement CI, a été créée en 2024 en Côte d’Ivoire, mais son impact demeure flou.
Un passé politique marqué
Le profil politique de Persis Lionel Essono Ondo contribue également à alimenter la controverse. Ancien porte-parole de Jean Ping et cadre du parti d’opposition Réagir, il a été exclu de cette formation en novembre 2024. Cette exclusion fait suite à son soutien au référendum constitutionnel initié par le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, en contradiction avec la ligne du parti.
Un portefeuille de 500 millions de dollars
Lors de son installation, Persis Lionel Essono Ondo a affiché sa volonté de s’inscrire dans la continuité. « Je pense que je peux compter sur ces équipes, parce que nous voulons une seule chose : la réussite du FGIS », a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’il ne s’agit pas de bouleverser les acquis, mais de poursuivre l’œuvre amorcée.
Malgré ces zones d’ombre, Persis Lionel Essono Ondo dirige désormais un portefeuille d’actifs estimé à 500 millions de dollars (environ 300 milliards de FCFA) en gestion directe. La passation de service avec son prédécesseur, Stéphane Mbadinga Ditengou, a eu lieu le 19 décembre en présence de proches et collaborateurs. Originaire d’Oyem, dans le Nord, Essono Ondo devra convaincre tant par sa vision que par ses actions dans un contexte de scepticisme accru.
Une réponse attendue
Interrogé par Africa Intelligence, le nouveau directeur général s’est contenté d’annoncer qu’il fournirait des preuves pour réfuter les accusations portées à son encontre. En attendant, sa gestion du FGIS sera scrutée avec attention, alors que cette institution joue un rôle stratégique dans le financement des projets d’infrastructure et de développement du Gabon.