S’agit-il d’un simple hasard de calendrier ? La rencontre entre les deux chefs d’Etat a-t-elle uniquement porté sur la coopération entre les deux nations sans évoquer les tensions diplomatiques entre Libreville et Luanda comme le fait savoir le Palais Rénovation ? Dans tous les cas le timing de la présence du chef d’Etat bissau-guinéen dans la capitale gabonaise suscite des interrogations. Surtout que les relations entre Sissoco Embaló et son homologue lusophone ne sont pas des plus cordiales.
En mars 2020, le président bissau-guinéen fraichement élu avait accusé João Lourenço d’ingérence dans les affaires intérieures de son pays, pour avoir reçu son adversaire politique Domingos Simóes Pereira à Luanda lors du conflit post-présidentiel de 2019. Proche de l’ancien président José Eduardo dos Santos, il avait également critiqué João Lourenço pour avoir traduit en justice pour corruption les enfants de son successeur alors que ce dernier avait fait de lui son dauphin. « Je ne suis pas ingrat… mais mon homologue angolais persécute celui qui lui a donné librement le pouvoir. J’ai été élu par le peuple guinéen. João Lourenço a reçu un pouvoir de « plateau » du président José Eduardo Santo, un homme qui a lutté pour la paix en Angola et qui mérite le respect », avait-t-il déclaré à l’époque, en affirmant en outre que João Lourenço « doit mettre la main sur sa conscience et se rappeler que le président José Eduardo dos Santos lui a tout donné.»
Pour rappel, le vote de João Lourenço farouchement pour le maintien des sanctions contre le Gabon avant de regagner Luanda avant même la fin du sommet de Malabo le 15 décembre dernier, avait déclenché l’ire de Libreville qui avait rappelé par la suite son ambassadeur en poste en Angola pour une consultation.
L’ennemi de mon ami n’est pas mon ami. Sissoco Embaló et Brice Oligui ont-ils décidé de faire sienne de cette maxime vieille comme le monde ?