Le 21 février 2025, dans une note adressée aux présidents des Cours d’appel, aux procureurs généraux, aux commissaires généraux à la loi, aux présidents des tribunaux, ainsi qu’aux procureurs de la République et aux commissaires à la loi, le ministère a fixé un délai butoir au jeudi 27 février 2025 pour la transmission de la liste des magistrats grévistes au sein de chaque juridiction.
Cette démarche s’inscrit dans la volonté du gouvernement de suivre de près l’impact du mouvement social et d’évaluer son ampleur. Toutefois, cette exigence soulève des interrogations : cette demande ne risque-t-elle pas d’être perçue comme une forme de pression sur les magistrats en grève ? En effet, en demandant un recensement précis, le ministère pourrait chercher à identifier et éventuellement sanctionner les grévistes, ce qui pourrait accentuer les tensions existantes.
Selon nos sources, le ministère de la Justice reproche au Syndicat national des magistrats du Gabon de ne pas respecter le service minimum, une situation qui pourrait aggraver les différends entre les deux parties. Or, depuis le début de la grève, la mise en œuvre de ce service minimum a fait l’objet de nombreuses critiques, plusieurs observateurs estimant qu’il violait les droits fondamentaux des justiciables, notamment des détenus, en restreignant leur accès à la justice.
Depuis le début de la grève, un bras de fer s’est installé entre le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, et le SYNAMAG. Dès l’annonce de leur entrée en grève, le président du syndicat, Landry Abaga Essono, avait réclamé son éviction du gouvernement, l’accusant de ne pas garantir l’indépendance de la justice ni d’améliorer les conditions de travail des magistrats. Ce climat de défiance contribue à exacerber les tensions entre les autorités et le corps judiciaire.
Autre fait notable, les magistrats en grève ont entamé des négociations avec d’autres acteurs que le ministre ou le ministère de la Justice. Cette stratégie interroge sur la volonté du SYNAMAG d’exclure Paul-Marie Gondjout des discussions, renforçant ainsi l’idée d’une opposition frontale entre le syndicat et le gouvernement.
Pour l’heure, aucune annonce n’a été faite quant à d’éventuelles sanctions ou négociations avec le SYNAMAG.
Rappelons que la grève du SYNAMAG intervient dans un contexte de tensions entre le corps judiciaire et l’exécutif, notamment sur des revendications liées aux conditions de travail et à l’indépendance de la magistrature.