Un siège sous tension
En février dernier, dans un communiqué officiel, l’aile du parti sous la direction de Michel Ongoundou Loundah dénonçait l’occupation illégale des locaux par l’autre faction, menée par Persis Lionel Essono Ondo. Ce désaccord s’est accentué lors du deuxième congrès ordinaire du parti, marqué par la fusion-absorption de l’Union Socialiste Gabonaise et du Mouvement Alternative pour le Développement au sein de Réagir.
François Ndong Obiang, premier président statutaire du parti et soutien affiché du général Oligui Nguema, a alors affirmé avoir personnellement négocié l’acquisition du siège. Selon lui, cette acquisition avait été rendue difficile en raison des craintes de répressions politiques similaires à celles subies par Jean Ping en 2016. « J’ai pris la responsabilité d’aller moi-même rencontrer les propriétaires », a-t-il déclaré, affirmant ainsi avoir permis à Réagir d’obtenir son siège actuel.
Des documents qui contredisent la version officielle
Cependant, des documents consultés viennent contredire cette version des faits. Parmi eux, des factures de paiement, des échanges de courrier entre l’aile de Michel Ongoundou Loundah et la bailleresse attestent que la gestion du bail était sous leur responsabilité.
Un reçu de paiement dont nous avons eu copie atteste que le vice-président de Réagir, a réglé les loyers du siège du parti, pour les mois de janvier, février et mars 2025, pour un montant total de 4 800 000 FCFA. De plus, le contrat de bail signé le 15 septembre 2023 entre Felix Bongo et la bailleresse stipule clairement que les lieux sont loués à usage d’habitation et situés sur la parcelle No 05, Section TC3 du plan cadastral de Libreville.
Une résiliation en cours
Dans un courrier daté du 15 juin 2024, que l’ancien secrétaire exécutif de Réagir, sollicitait une résiliation amiable du bail, invoquant les difficultés financières du parti. Il assurait à la bailleresse qu’une solution alternative garantissant la continuité de l’occupation serait trouvée.
En réponse, la bailleresse a accepté la résiliation, à condition qu’un nouvel arrangement soit trouvé pour assurer la poursuite du paiement des loyers.
Une occupation forcée malgré une décision de justice
Malgré une décision de justice rendue le 11 décembre 2024, refusant à Persis Lionel Essono Ondo et son groupe l’accès au siège du parti, ceux-ci ont pris possession des locaux par la force le 18 décembre 2024, avec le soutien de plusieurs partisans. Selon des témoignages, l’incident a été marqué par une intrusion brutale impliquant des hommes cagoulés et armés, accompagnés de chiens, qui auraient empêché les employés du Secrétariat Exécutif d’accéder à leurs bureaux.
Face à cette situation, l’aile dirigée par Michel Ongoundou Loundah, dans l’attente d’une nouvelle décision de justice, a décidé de relocaliser provisoirement ses activités dans l’une des Tours Santullo situées sur le boulevard Triomphal.
Un conflit symptomatique des tensions internes
Ce conflit sur l’occupation du siège illustre les fractures profondes qui traversent Réagir. La division du parti reflète des divergences stratégiques entre ceux qui choisissent de collaborer avec le pouvoir en place et ceux qui revendiquent leur indépendance politique.
Alors que chaque faction campe sur ses positions, la question du siège de Réagir demeure un symbole des luttes intestines qui fragilisent le parti. Reste à voir si une issue légale ou politique permettra de trancher cette querelle qui, pour l’heure, continue d’alimenter les tensions au sein de la formation politique.