« C’est un sentiment de fierté, c’est un sentiment de joie, nous avons le cœur qui danse, et il y a les souvenirs qui se bousculent », confie-t-il avec émotion. « On se dit qu’au moins, il n’est pas mort complètement pour rien, c’est-à-dire qu’aujourd’hui on reconnaît son combat, on reconnaît son honnêteté ».
Exilé pendant de longues années après la disparition tragique de son père, Yvan Owanga Rendjambé revient sur la douleur de l’exil et les souffrances endurées : « Nous sommes rentrés après un long exil. Nous avons vécu cette période de la disparition de notre paternel comme une période vraiment humiliante, entrecoupée de souffrances. Peut-être pas de souffrance physique, mais des souffrances psychologiques ».
Il exprime également le poids de l’éloignement : « Ce n’est vraiment pas facile de vivre loin des siens, loin de son pays, de son village. On a beau voyager pour aller très loin pour oublier vos problèmes, mais à un moment donné vous réalisez que les problèmes sont avec vous aussi ».
Sur la question d’une enquête pour faire la lumière sur les circonstances du décès de Joseph Rendjambé Issani, Yvan Owanga Rendjambé adopte une posture de patience et d’apaisement : « Est-ce que nous allons exiger une enquête pour que toute la vérité soit faite sur son assassinat ? » Il poursuit : « À l’heure où nous vous parlons, même si le président a déclaré qu’il a été assassiné, nous allons être patients. Nous n’avons pas demandé au président de mettre un nom sur l’aéroport. Ils nous ont honorés. Il ne s’agit pas de revanche, il s’agit de justice. Personne ne doit avoir peur. Il faut que ceux qui ont commis des crimes demandent pardon au peuple ».
Ce témoignage poignant illustre la résilience d’une famille marquée par l’histoire politique du Gabon. Le changement de nom de l’aéroport de Port-Gentil ne répare pas le passé, mais il inscrit dans la mémoire collective le combat de Joseph Rendjambé Issani pour une démocratie plus juste.