C’est dans l’Ogooué-Ivindo que le président de la république a réalisé son deuxième meilleure score à la présidentielle de 2016 avec 65,96% de voix, derrière le Haut-Ogooué, considéré comme le bastion des Bongo où il a enregistré 95,46% de votants. Comme un retour à l’envoyeur, c’est donc une façon pour Ali Bongo de récompenser l’électorat ogivin. Mais à quel prix ? L’Ogooué-Ivindo serait-elle en mesure de réediter l’exploit de 2016, voir de basculer la victoire en faveur d’Ali Bongo en 2023 ?
Considéré comme la province la plus étendue du pays, avec un sous-sol riche largement inexploité à l’exemple du gisement de fer de Bélinga, c’est aussi l’une des provinces les plus enclavées et les moins développées, l’Ogooué-Invindo après le décès d’Alexandre Sambat en 1998, n’avait plus vu ses ressortissants concentrés entre leur main autant de pouvoir.
Il y a le ministre d’Etat à l’Energie et aux Ressources hydrauliques, Bilie-By-Nze qui a été nommé vice-Premier ministre, tout en conservant le porte-parolat du gouvernement. Michael Moussa Adamo, ministre des Affaires étrangères, qui fait figure de dinosaure parmi les rares proches collaborateurs d’Ali Bongo quand ce dernier était encore ministre de la Défense avec le départ de Gervais Oniane, Maixent Accrombessi Nkani, Liban Souleman, Park Sang-Chul. Ensuite, le gabonais d’adoption d’origine britannique, ressortissant de l’Ogooué-Ivindo, Lee White qui occupe le ministère le plus élargi du gouvernement avec les portefeuilles des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, du Plan climat, des Objectifs du développement durable et du Plan d’affectation des terres. Il est député du 2ème siège de la Lopé sans discontinue depuis 1996, plusieurs fois ministre délégué , Raphaël Ngazouzé a été nommé ministre de la Formation professionnelle, il serait considéré comme l’une des personnalités les plus influentes du parti présidentiel, le Parti démocratique gabonais. Enfin il y a Steeve Nzegho Dieko, il avait d’abord été nommé sénateur pour le compte de la province de l’Ogooué-Ivindo, par décret présidentiel, avant d’être désigné à la surprise générale secrétaire générale du PDG. Ce dernier est désormais à la tête de la plus grande formation politique du pays, une machine électorale à gagner et pourvoyeur d’emploi au sein de l’administration étatique pour ses militants, ses cadres et ses alliés.
Cependant, le leadership des cadres ogivins au plan politique et gouvernementale suffira-t-il à faire gagner l’élection présidentielle à deux-tours en 2023 à Ali Bongo, face aux provinces-clées comme l’Estuaire, le Woleu-Ntem, l’Ogooué-Maritime et la Ngounié ? Considérée comme une province corrective, Ali Bongo ne ferait-il pas une erreur en déplaçant le pouvoir politique et administrative dans l’Ogooué-Ivindo pour s’appuyer sur l’électorat ogivin, à quelques mois de la présidentielle de 2023 ?
A moins de rééditer l’exploit de 2016 dans le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Ivindo fera-t-elle le poids face à l’électorat fang présent dans plusieurs provinces du pays et sa diaspora ? Et quid des provinces frondeuses comme l’Estuaire, l’Ogooué-Maritime, la Ngounié qui votent en général l’opposition, sans omettre les gabonais de l’étranger ? Face à une élection à deux-tours où les règles ont changé, il semble probable que le leadership ogivin au sein du PDG ou de l’État ne seront pas en mesure de garantir à Ali Bongo une victoire.