L’économie gabonaise, traditionnellement dominée par le secteur pétrolier, a vu son PIB croître de 2,3 % en 2023, un chiffre qui, bien que positif, masque une stagnation alarmante des autres secteurs. Les revenus pétroliers représentent encore 60 % des recettes de l’État, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des prix du brut. En 2024, le prix du baril de pétrole a chuté de 15 %, ce qui a exacerbé les problèmes fiscaux et de liquidité.
Dans ce contexte, la COSUMAF se trouve confrontée à des défis de régulation qui méritent une attention critique.
Une régulation insuffisante
La COSUMAF a pour mission de promouvoir la transparence et la confiance dans le marché financier, mais elle est souvent critiquée pour son manque d’efficacité. En 2023, le marché financier gabonais a enregistré une capitalisation boursière de 500 milliards de francs CFA (environ 800 millions d’euros), une somme dérisoire comparée aux marchés financiers des pays voisins tels que le Cameroun ou la Côte d’Ivoire. La COSUMAF a du mal à attirer de nouvelles entreprises sur le marché, ce qui limite la diversité des investissements et réduit la liquidité.
Les rapports de la COSUMAF sur la régulation et la supervision des marchés sont souvent jugés trop timides. Selon des experts, la commission n’a pas su imposer des normes strictes aux entreprises cotées, permettant ainsi à des pratiques douteuses de prospérer. En 2023, 30 % des entreprises cotées sur le marché ont été signalées pour des irrégularités dans leurs rapports financiers, un chiffre alarmant qui soulève des questions sur l’intégrité des informations financières publiées.
La corruption et le manque de transparence
La corruption reste un problème majeur au Gabon, et la COSUMAF n’est pas à l’abri des critiques à cet égard. En 2023, Transparency International a classé le Gabon 124ᵉ sur 180 pays dans son indice de perception de la corruption, soulignant que le manque de transparence dans les affaires publiques nuit à la confiance des investisseurs.
La COSUMAF, censée être un rempart contre ces dérives, doit redoubler d’efforts pour instaurer des mécanismes de contrôle rigoureux et transparents. Les affaires de corruption qui touchent le secteur public sont souvent liées à des acteurs privés, et la COSUMAF doit naviguer dans un environnement où les intérêts personnels et politiques priment sur la bonne gouvernance. Les scandales de détournement de fonds dans des projets d’infrastructure, qui ont coûté des milliards de francs CFA, sont des exemples frappants de la défaillance des institutions de régulation.
Des défis technologiques
Dans un monde de plus en plus numérique, la COSUMAF doit également faire face à des défis technologiques. L’essor des fintechs et des cryptomonnaies représente une opportunité pour diversifier l’économie gabonaise, mais il pose également des risques en termes de régulation.
En 2023, les transactions en ligne ont augmenté de 45 %, mais la COSUMAF ne dispose pas des outils nécessaires pour surveiller efficacement ces nouvelles formes de transactions financières.
La réglementation des fintechs est encore embryonnaire au Gabon, et de nombreuses entreprises opèrent sans aucune supervision. Cela crée un climat d’incertitude qui pourrait dissuader les investissements étrangers dans ce secteur prometteur. En 2024, les investissements dans les fintechs au Gabon atteignent 100 milliards de francs CFA, mais sans une stratégie claire de régulation, ce potentiel pourrait être inexploité.
Les conséquences sur l’économie
Le manque de régulation efficace a des répercussions directes sur l’économie gabonaise. En 2023, le PIB du Gabon a connu une croissance de seulement 2,3 %, tandis que la région de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) affichait une croissance moyenne de 3,5 %. Cette stagnation économique est en partie attribuée à l’inefficacité de la COSUMAF à dynamiser le marché financier et à attirer des capitaux étrangers. De plus, le chômage des jeunes, qui atteignait 38 % en 2022, continue de croître. Les jeunes diplômés se heurtent à un marché du travail saturé, exacerbant les tensions sociales.
La COSUMAF, en ne soutenant pas des initiatives d’investissement et de création d’emplois, contribue à cette situation alarmante.
Les défis à relever
Les défis auxquels fait face la COSUMAF sont multiples. Premièrement, la régulation doit s’adapter aux réalités du marché financier mondial. Dans un contexte où les fintechs et les cryptomonnaies gagnent en popularité, la COSUMAF doit élargir son champ d’action pour englober ces nouvelles formes d’investissement. Deuxièmement, la sensibilisation et la formation des acteurs du marché sont primordiales. En 2023, moins de 30 % des entreprises gabonaises ont une connaissance suffisante des instruments financiers disponibles. Une initiative visant à éduquer les entreprises et les investisseurs sur les opportunités offertes par la Bourse pourrait stimuler l’intérêt et la confiance.
Enfin, il est crucial d’améliorer la coopération entre la COSUMAF et d’autres institutions régionales et internationales. Le Gabon a besoin d’une approche concertée pour renforcer son cadre réglementaire et attirer des investissements étrangers.