Le mobile de sa prise d’otage
Durant sa cavale, Glenn Patrick Moundendé avait diffusé une vidéo où il expliquait les mobiles de sa prise d’otage. Son acte visait à attirer l’attention du Gouvernement sur le chômage des jeunes de Mandji malgré l’exploitation pétrolière et le silence complice des autorités locales. À cela s’ajoutaient également l’absence de dispensaires, d’eau potable, d’écoles et la pollution des ressources hydrauliques par les compagnies pétrolières, notamment Maurel & Prom, Addax Petroleum et Perenco qui opèrent dans cette localité.
Les circonstances de son décès
Selon nos confrères de La République241, un media proche du pouvoir : “les informations recueillies indiquent que l’homme se terrerait dans une cabane en planches, à 4 km de Perenco, où il chercherait à se réarmer. Les agents des forces de sécurité se rendent sur place et lancent des tirs de sommation pour le sommer de se rendre. Cependant, le fugitif choisit de s’échapper par la fenêtre pour retourner dans la forêt, obligeant malheureusement les gendarmes à ouvrir le feu.” Mais ce dernier serait finalement décédé des suites de ses blessures affirment nos confrères : “Touché, et dans un souci de le garder en vie, les agents le transportent à l’hôpital Schweitzer de Lambaréné. Mais sur place, il est trop tard, et son décès est inévitablement constaté.”
Bilan de l’otage
Trois personnes prises en otages, deux gendarmes blessés, une otage violée et un décès.
Toujours selon nos confrères de La République241 : “Lors de son audition, elle relate avec courage les sévices sexuels qu’elle a subis aux mains de son kidnappeur, des faits qui seront confirmés par des examens médicaux à Port-Gentil.”.
Les réactions
Le Chef de l’État Ali Bongo Ondimba s’est rendu au chevet des victimes, l’otage violée et les deux gendarmes blessés. “Profondément touché” il a salué l’otage violée pour “son courage et sa dignité malgré la dureté de l’épreuve” et remercier les gendarmes blessés et leurs collègues pour leur “bravoure”.
Je suis allé à la rencontre de Philippine, l'une des otages séquestrée le weekend dernier durant 48 heures par un individu armé dans la zone de Mandji.
Son témoignage, poignant, m'a profondément touché, de même que son courage et sa dignité malgré la dureté de l'épreuve. pic.twitter.com/x4pdQvTRIL— Ali Bongo Ondimba (@PresidentABO) July 24, 2023
Au cours de cette opération visant à délivrer les otages, deux gendarmes ont été blessés. Je suis allé à leur chevet pour les féliciter et leur dire ma reconnaissance et celle du #Gabon tout entier. Face à un tel geste de bravoure, on ne peut que s'incliner. pic.twitter.com/buzRewUrlF
— Ali Bongo Ondimba (@PresidentABO) July 24, 2023
Ces gendarmes, comme leurs collègues, ont été héroïques. Ils forcent notre admiration et font honneur à notre Nation. pic.twitter.com/5p0BC2JI1q
— Ali Bongo Ondimba (@PresidentABO) July 24, 2023
Au sein de l’Éxecutif la charge viendra du ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement, Rodrigue Mboumba Bissawou pour qui il faut impérativement “dénoncer fermement la manipulation perverse qui glorifie une agression sexuelle et une prise otage comme un acte héroïque.”
Il est impératif pour chacun d’entre nous de #dénoncer fermement la #manipulation perverse qui glorifie une #agressionsexuelle et une prise otage comme un acte héroïque. Ce n'est pas une histoire à célébrer, mais une #atrocité à condamner. Que justice soit rendue aux victimes et… pic.twitter.com/IiU01Bs6i0
— MBOUMBA BISSAWOU Rodrigue (@Rbissawou) July 24, 2023
Du côté de l’opposition, Pierre-Claver Maganga Moussavou, le président du Parti Social Démocrate qualifie le décès du preneur d’otage de Coucal comme un acte “ignoble” donnée à ce jeune homme qui perd sa vie pour avoir dénoncé la précarité, la captation des ressources naturelles, la corruption de l’élite locale et la pollution. “Monsieur le président Ali Bongo, abattre un concitoyen même armé, surtout que vous avez réussi à le désarmer, l’abattre comme solution finale pour répondre à ses revendications est une lâcheté pour un chef d’État. Ali Bongo, tu ne mérites donc pas d’être président de tous les Gabonais”, a déclaré Pierre-Claver Maganga Moussavou.
Pour Alexandre Barro Chambrier, président du parti de l’opposition le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité et candidat à la présidentielle d’août prochain, il faut une enquête pour connaître exactement les circonstances du décès de Glenn Patrick Moundendé. “Nous ne savons pas exactement les circonstances, il faut qu’il y ait une enquête parce que ce jeune compatriote qui était désespéré voulait simplement demander le travail”.
L’église catholique a également réagi par l’évêque de Mouila, le Monseigneur Mathieu Madega Lebouakehan. “Ce que vit notre diocèse du côté de Mandji-ndolu, avec le cas Glenn Patrick Moundende, nous demande de nous arrêter un instant. C’est pourquoi nous lançons un vibrant appel à la prière et à la réflexion”, a-t-il déclaré à travers une note intitulée ‘’Grand appel’’.
Si c’est la première fois que le Gabon enregistre une prise d’otage, cependant ce n’est pas la première fois qu’un compatriote se lance dans une entreprise suicidaire pour attirer l’attention des plus hautes autorités face au chômage et à la précarité qui frappent les jeunes. En 2015, un commerçant gabonais, Bérenger Obame Ntoutoume, 28 ans, est décédé à la suite de ses blessures en s’immolant par le feu à la préfecture de police de Libreville après s’être fait confisquer sa marchandise.