Comment renouveler les liens entre la France et les pays africains, plus précisément avec ses anciennes colonies alors que sa présence est de plus en plus décriée sur le continent ? Ou comment redorer l’image de la France alors que sa politique est perçue comme un instrument à géométrie variable en fonction des régimes, sa présence militaire et l’utilisation du FCFA sont contestées, et qu’elle doit faire à la concurrence chinoise ou russe par exemple ?
A l’Assemblée nationale, puis au Sénat, le gouvernement français a fait une déclaration pour défendre la politique du président Emmanuel Macron en Afrique suivie d’un débat. La veille, un rapport parlementaire avait été présenté. Il recommandait un changement de style : moins de discours et plus d’actions concrètes.
Contrairement à d’autres pays du continent comme le Mali, le Niger, ou le Burkina Faso où la présence française est mal perçue, à Libreville le sentiment anti-français est moins vivace, malgré le soutien inconditionnel de Paris au régime des Bongo.
En mars dernier, les récriminations de l’opposition et de la société civile n’avaient pas dissuadé Emmanuel Macron de faire le déplacement de Libreville pour participer au One Forest Summit. Une visite du Chef de l’Etat français intervenue en année électorale et considérée par l’opinion comme un soutien de Paris à la candidature d’Ali Bongo Ondimba à la présidentielle du 26 août malgré son état de santé et les risques de fraudes. En effet, la veille, le désormais président déchu avait organisé un dialogue politique boycotté par l’opposition et qui avait conduit à la rédaction d’une loi électorale taillée sur mesure pour ce dernier.
Un autre grief. Alors qu’Emmmanuel Macron n’avait pas hésité à apporter son soutien (sans attendre la mise en place d’un chronogramme de transition et autre) à Mahamat Idriss Déby qui avait pris le pouvoir au Tchad par la force à la suite de la mort de son père Idriss Déby, en avril 2021, en réprimant l’opposition, la France avait condamné le coup d’Etat du 30 août dernier. Trois mois après le putsch, Brice Clotaire Oligui Nguema et Emmanuel Macron ne se sont toujours parlé.
Si le Général Charles de Gaulle avait raison de dire « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. », plus de 60 ans après, avec l’émergence d’une jeunesse africaine, d’une opposition et d’une société civile décomplexées dont les attentes transcendent les relations entre chefs d’Etat, les temps ont bien changé. Problème, si la donne a changé en Afrique, cela ne semble pas encore être le cas en France ou la majorité de la classe politique s’accroche encore à son passé paternaliste.