D’après l’appel d’offres publié le 10 février, une partie de ces fonds servira au rachat d’un eurobond de 315 millions de dollars portant un taux de 6,95 % et arrivant à maturité en juin 2025. Cette initiative vise à alléger les tensions trésorières et à maintenir la confiance des investisseurs, bien que les conditions du refinancement soient jugées très contraignantes.
Un coût d’emprunt exceptionnellement élevé
Selon Global Capital, Libreville espérait refinancer sa dette à un taux de 9,5 %, mais les investisseurs ont réclamé un rendement de 12,7 %. Le remboursement sera étalé entre 2028 et 2029, conférant à l’obligation une durée de vie moyenne de 3,5 ans. Si ces chiffres sont confirmés, le Gabon se retrouverait avec l’un des rendements obligataires les plus élevés des marchés émergents depuis plus d’une décennie.
Un répit temporaire pour les finances publiques
Cette levée de fonds apporte un soulagement temporaire au Trésor public, confronté à une réduction des financements extérieurs et à des obligations de remboursement pressantes. En janvier dernier, Fitch Ratings avait abaissé la note de la dette souveraine du Gabon à “CCC”, notamment en raison d’arriérés de paiement envers la Banque mondiale s’élevant à 26,6 millions de dollars.
Cependant, l’accord conclu pour ce refinancement risque d’accroître le fardeau de la dette en raison de son coût élevé et de sa durée relativement courte. Cette situation intervient alors que les recettes pétrolières du pays sont en baisse, avec des prévisions estimant le baril à 70 USD en 2025 et 65 USD en 2026, selon Fitch.
Un soutien du FMI attendu
Un soutien financier du Fonds Monétaire International (FMI) pourrait être une bouffée d’oxygène pour le Gabon. Fitch estime que Libreville sollicitera un programme d’aide en 2025, mais que les discussions ne débuteront probablement qu’après les élections présidentielles d’avril 2025. Toutefois, la mise en place d’un tel programme pourrait nécessiter des réformes économiques drastiques et impopulaires dans un climat politique encore instable après la transition de 2023.
Un impact régional à surveiller
Avant cette opération, le Gabon avait déjà mobilisé 290 millions USD pour racheter une partie de sa dette, via un emprunt contracté auprès des banques de la CEMAC. Cette démarche avait suscité des critiques en raison de ses effets sur les réserves de change régionales. Le nouveau refinancement préserve ces réserves, évitant ainsi une pression supplémentaire sur le Franc CFA.
Par ailleurs, la CEMAC a encouragé ses États membres à finaliser leurs programmes avec le FMI pour renforcer la stabilité économique régionale, une démarche qui pourrait bénéficier au Gabon.
Des défis à venir
Le Gabon doit encore honorer d’autres engagements financiers, notamment deux eurobonds arrivant à échéance en 2031 : l’un de 895 millions USD à un taux de 6,625 % et un autre de 500 millions USD avec un rendement de 7 %.
Cette levée de fonds, bien qu’apportant une solution temporaire, alourdit le service de la dette et souligne la nécessité d’un appui international pour stabiliser la situation financière du pays.