Vers un procès tant attendu ?
L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a publiquement demandé, le 10 mars dernier, la tenue d’un procès pour Sylvia et Noureddin Bongo. « Tout citoyen a droit à un procès équitable. Il est inconcevable de maintenir quelqu’un en détention préventive sans jugement », a-t-il déclaré devant la presse. En réponse, Oligui Nguema a assuré sur TV5Monde que « le procès aura lieu » et qu’il sera « équitable ». Toutefois, il a précisé qu’« selon le code gabonais, pour des crimes, on peut aller jusqu’à deux ans d’enquête », sans donner de date précise.
Sylvia Bongo, 62 ans, est accusée de blanchiment de capitaux et de faux en écriture, tandis que son fils Noureddin, 33 ans, est poursuivi pour corruption et détournement de fonds publics. Contrairement à eux, l’ancien président Ali Bongo, bien que renversé, est placé en résidence surveillée.
Des accusations de torture inquiétantes
Les avocats de Sylvia et Noureddin Bongo, Me François Zimeray et Me Pierre-Olivier Sur, dénoncent non seulement leur détention sans jugement, mais aussi les tortures qu’ils auraient subies. « Comme ancien Ambassadeur de France pour les Droits de l’Homme, j’ai souvent rencontré des victimes de tortures. J’ai pu reconnaître sans le moindre doute les marques caractéristiques des chocs électriques sur le corps de Noureddin Bongo », a affirmé Me Zimeray le 27 mars dernier. Il a également rapporté des actes de simulation de noyade, d’étranglement, de privation de nourriture et des passages à tabac ayant entraîné une perforation du tympan.
Les avocats insistent sur le fait que leurs clients sont détenus « en dehors de tout cadre légal » et appellent les autorités gabonaises à mettre fin à leur calvaire. « La France et l’ONU savent que cette détention est arbitraire et qu’ils subissent un régime d’exception, cruel, inhumain et dégradant », a déclaré Me Zimeray.
Un procès impartial est-il possible ?
Les doutes sur l’impartialité d’un futur procès se multiplient alors qu’Oligui Nguema, qui affirme qu’il existe des preuves à charge, est à la fois chef de l’État par intérim et candidat à l’élection. « Comment un procès équitable est-il possible alors que le président de la transition est le premier à les déclarer coupables ? », interroge Me Zimeray. Il rappelle que selon le principe de la séparation des pouvoirs, Oligui Nguema ne devrait même pas avoir accès au dossier d’instruction.
Par ailleurs, deux magistrats français enquêtent actuellement sur ces accusations de torture et de séquestration. L’affaire pourrait donc déborder du cadre national et devenir un sujet diplomatique sensible.
Une question incontournable dans la campagne
Alors que la présidentielle approche, la situation de la famille Bongo s’impose dans le débat politique. Le sort de Sylvia et Noureddin Bongo sera-t-il un thème central de la campagne ? La communauté internationale va-t-elle réagir face aux allégations de violations des droits humains ?