Voilà une nouvelle qui pourrait bien compliquer d’avantage l’équation à laquelle les présidents des pays de la CEMAC devront répondre en décembre prochain après la remise du rapport des recommandations issues du colloque international de Libreville sur la révision de la coopération monétaire avec la France sur le FCFA, organisé par la Commission de la CEMAC dirigée par Daniel Ona Ondo : trivialement, faut-il entériner la fin du FCFA comme l’exigent les détracteurs de la coopération monétaire de la France avec ses anciennes colonies ?
Alors que de plus en plus de voix s’élèvent sur le continent appelant à une révision de la coopération monétaire avec la France en dénonçant une parité fixe du CFA avec l’euro, qui handicaperait les économies de la CEMAC et de l’UEMOA, la Banque de France dans son rapport annuel assure le contraire.
La CEMAC et l’UEMOA, contrairement à plusieurs économies développées, connaissent une reprise générale avec une tendance qui devrait se poursuivre : “Les perspectives économiques pour 2022 demeurent positives. La tendance générale devrait être à la poursuite de la reprise, contrairement à de nombreuses économies avancées. Plus précisément, l’UEMOA devrait avoir une croissance de 5,9% en 2022 et la CEMAC de 3,5% contre 3,6% pour l’ASS (Ndlr : l’Afrique subsaharienne) et 3,2% pour le monde (d’après le FMI octobre 2022 pour ces deux dernières données).” souligne la Banque de France.
Même si “l’inflation restera à un niveau élevé en 2022, malgré les resserrements monétaires en cours, avec 6,2% en moyenne annuelle pour l’UEMOA et 3,8% pour la CEMAC. (…) les niveaux d’inflation des pays des CMAF (Coopération monétaire Afrique-France) demeurent cependant bien inférieurs à celui que projette le FM pour l’ASS 14,4% (octobre 2022).” affirme la Banque de France.
Pour la Banque de France, il ne fait pas de doute que l’amarrage du FCFA à l’Euro est à l’origine de cette résilience à l’exemple de l’inflation : “L’ancrage à l’euro de la monnaie des pays des trois régions permet, comme par le passé lors de précédentes crises inflationnistes, de mieux les protéger contre une remontée mondiale des prix.” L’utilisation du FCFA comme monnaie commune avec une garantie externe supportée par l’Euro, contribue à la résilience des économies des pays de la CEMAC et de l’UEMOA, contrairement à leur homologue du continent qui disposent de leur propre monnaie car: “À titre de comparaison, le FMI prévoit, par exemple, une inflation en 2022 de 27,2% pour le Ghana et de 18,9% pour le Nigéra.” souligne la Banque de France.
L’intégralité du rapport ici : https://publications.banque-france.fr/rapport-annuel-des-cooperations-monetaires-afrique-france-2021