Les magistrats dénoncent qu’au lieu de se concentrer sur l’amélioration de la justice et la résolution des problèmes structurels du secteur, le ministre Paul-Marie Gondjout semble davantage intéressé par des projets coûteux, lancés sporadiquement et sans vision à long terme. “Comment expliquer les projets onéreux lancés ici et là, alors que la justice gabonaise est en crise ?” s’interroge Landry Abaga Essono, président du SYNAMAG, pointant du doigt l’absence de réformes concrètes dans le secteur.
Le syndicat va plus loin, affirmant que les autorités actuelles reproduisent les mêmes schémas que leurs prédécesseurs. “Nous sommes dans un schéma d’immobilisme, où les promesses sont nombreuses mais jamais concrétisées. Les précédents ministres n’ont pas apporté de solutions, et aujourd’hui, nous constatons que la situation reste inchangée”, déplore-t-il.
En septembre dernier, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, accompagné du ministre de la Justice et de plusieurs autres personnalités, avait inauguré en grande pompe le tribunal de première instance de Ntoum. Pourtant, depuis son inauguration, et plusieurs mois après la rentrée judiciaire, cette juridiction demeure une coquille vide. Les magistrats et greffiers affectés à Ntoum se retrouvent inactifs en raison de l’absence de textes définissant la compétence matérielle et territoriale de ce tribunal. De surcroît, le tribunal ne dispose ni de bureaux fonctionnels ni de matériel informatique essentiel, comme des ordinateurs.
Même son de cloche du côté des greffiers : le Syndicat national des greffiers est entré en grève le 9 janvier, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, pour exiger de meilleures conditions de travail et de vie, notamment par l’adoption d’un statut particulier pour leur profession.
Alors que les tensions entre le ministère de la Justice, les magistrats et les greffiers ne cessent de croître, le président de la Transition se retrouve face à un dilemme : répondre aux revendications de la magistrature ou poursuivre dans sa politique de grands projets qui suscitent de vives interrogations.