Le président de la Confédération africaine de football (Caf), le Sud-africain, Patrick Motsepe via son secrétaire général, Veron Mosengo-Omba, a adressé le 02 mai, un courrier au ministre des Sports, Franck Joseph Fernand Nguema, indiquant “toutes les décisions prises en l’encontre de Pierre-Alain Mounguengui avant le scrutin avaient pour seul but de l’écarter du processus électoral” car ” les motifs de l’interpellation puis de sa détention sont troublants et peu clairs”.
Même si le ministre des Sports a défendu le 03 mai dans un courrier à la Caf, l’impartialité du Gouvernement et l’indépendance de la Justice, en soulignant que “l’enquête sur les faits de pédophilie a été ouverte précisément depuis le 17 décembre 2021, qu’à cette date nous étions très loin de déviner qu’il serait de nouveau à la tête de l’instance du football gabonais.”, des doutes légitimes cependant demeurent.
Surtout après l’étrange nomination en Conseil des ministres du 14 avril 2022, de Pierre-Alain Mounguengui, alors que ce dernier était candidat à la présidence de la Fegafoot, comme Inspecteur général des services au ministère des Sports. Une nomination que ce dernier a poliment décliné et que ses proches ont estimé qu’elle visait simplement à frapper d’inéligibilité sa candidature.
Fait troublant encore, Pierre-Alain Mounguengui, faisant déjà l’objet d’une enquête judiciaire “depuis le 17 décembre 2021”, comme l’affirme Franck Nguema, dans son courrier au président de la Caf, comment expliquer sa nomination à un Conseil des ministres présidé par Ali Bongo Ondimba, alors qu’il est reconnu que les hautes nominations au niveau du Palais Rénovation, font l’objet, la veille d’une enquête de moralité minutieuse, généralement menée par les Services spéciaux ou la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire. Puis suivi d’un bulletin de renseignements détaillé, déposé sur la table du chef de l’État pour appréciation personnelle.
S’agirait-il d’une bourde administrative dans le processus de nomination en Conseil des ministres ? Difficile d’y croire, quand on sait qu’Ali Bongo Ondimba avait vivement réagi au sujet du scandale sur les violences sexuelles dans le sport gabonais en affirmant que “La pédophilie est l’un des crimes les plus graves qui puissent être commis. Elle n’a pas sa place au Gabon” et “Quand les faits sont avérés, les abus envers les enfants doivent être sanctionnés par la Justice avec une extrême rigueur. Face à l’intolérable, il faut être intraitable !”. Ensuite, le ministre des Sports s’était à son tour exprimé en déclarant, “J’ai saisi le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, pour l’ouverture d’une enquête judiciaire dans la communauté de football national, pour des abus sexuels éventuels, ayant été commis en l’encontre des enfants et des jeunes, de tous genres (garçons et filles), afin d’identifier les éventuels auteurs et acteurs de ces crimes odieux”.