Lettre ouverte au Président de la Transition, Président de la République Gabonaise, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA
Objet : Urgence d’améliorer les conditions des enseignants : stop à la précarité, au mépris et aux inégalités
Excellence Monsieur le Président de la Transition,
Permettez-moi de commencer cette lettre en saluant vos efforts constants pour restaurer les institutions et redonner dignité au peuple gabonais.
À l’aube de la deuxième année de la Transition et à l’approche des élections nationales, je me permets de porter à votre attention la situation alarmante des enseignants du premier degré, communément appelés instituteurs, qui subissent des conditions indignes, des inégalités flagrantes et un mépris institutionnalisé.
Excellence Monsieur le Président,
Depuis l’abolition de l’esclavage par le décret du 27 avril 1848, les nations se sont engagées à promouvoir la dignité humaine. Ce texte historique souligne que « l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine (…), il détruit le libre arbitre de l’homme et constitue une violation du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. » Pourtant, les instituteurs au Gabon semblent être enfermés dans une forme d’esclavage moderne, victimes de conditions de travail précaires imposées par leur employeur, l’État.
Cette situation viole également l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui stipule que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. »
Monsieur le Président,
Comment expliquer qu’en cette ère de modernisation mondiale des systèmes éducatifs, l’enseignant du primaire au Gabon soit encore relégué à un rôle marginal, alors qu’il est la base essentielle de notre système éducatif ?
Dans les zones reculées, un seul instituteur doit souvent assurer plusieurs niveaux d’enseignement, de la première à la cinquième année, tout en cumulant les fonctions administratives de directeur. Ces conditions insoutenables compromettent leur performance. Pourtant, on exige d’eux des résultats exemplaires.
À cela s’ajoutent des pressions hiérarchiques constantes, des accusations d’incompétence et un mépris généralisé. Ce climat pousse de nombreux instituteurs à perdre leur vocation ou à envisager une reconversion professionnelle.
Sur le plan administratif, les inégalités sont encore plus préoccupantes. Comment expliquer qu’un instituteur recruté en 2013 perçoive le même salaire qu’un collègue recruté en 2018 ? Pourquoi les promotions de 2018 et 2022 de l’École Normale Supérieure (ENS) voient leurs situations administratives régularisées, tandis que celles des promotions 2013 à 2018 restent en suspens ?
Plus concrètement :
Pourquoi les textes d’intégration des enseignants issus des Écoles Normales des Instituteurs (ENI) de Libreville et Franceville ne sont-ils pas délivrés, alors que ceux de l’ENS pour la période 2015-2019 l’ont été ?
Pourquoi cette discrimination entre deux catégories d’enseignants issus de structures de formation reconnues ?
Excellence Monsieur le Président,
Nous, instituteurs, souhaitons constituer nos dossiers pour bénéficier des rappels qui nous sont dus, mais cela reste impossible sans la délivrance des textes d’intégration, actuellement bloqués à la Fonction publique. Malgré nos nombreuses correspondances adressées à Madame le Ministre, nous n’avons reçu que des promesses non tenues.
Nous sollicitons humblement votre intervention pour débloquer cette situation et apporter une solution durable à nos revendications.
De plus, les affectations dans des zones reculées, sans prime d’éloignement ni moyens logistiques, aggravent le découragement de ces professionnels, pourtant essentiels à la pérennité de l’éducation dans ces régions.
Monsieur le Président,
L’instituteur est aujourd’hui sacrifié. Il est celui qui, souvent au péril de sa vie et de sa famille, s’investit pour éduquer les enfants dans les zones les plus isolées. Il est urgent de lui rendre justice et de reconnaître son rôle clé dans le développement durable de notre pays.
Je demeure convaincu que vous êtes l’homme capable de transformer cette réalité et de rétablir la dignité des enseignants, conformément à vos engagements envers le peuple gabonais.
Dans l’attente de vos actions,
Avec espoir et détermination,
Un instituteur engagé pour l’avenir de notre nation.