Tout a commencé par les salutations d’usage du ministre : « Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? Très bien ! Vos familles vont bien ? En tout cas, transmettez pour les grands, à vos conjoints, à vos enfants, mes salutations chaleureuses et mes salutations chaleureuses aussi là-bas pour vos parents. » Jusque-là, rien d’anormal.
Mais contre toute attente, Camelia Ntoutoume a poursuivi en annonçant une initiative inhabituelle : « Aujourd’hui, on lève les couleurs, c’est un jour très spécial, c’est l’anniversaire du chef de l’État. Donc ensemble, on va chanter “Joyeux anniversaire” et on va se sortir ici tous ensemble pour aller l’attendre à Saint-Pierre pour la messe d’action de grâce. Parce que vous savez que le chef de l’État fait beaucoup pour la communauté éducative. En ce jour spécial, nous ne pouvons pas être absents. Alors, au chef de l’État, nous souhaitons un… Joyeux anniversaire M. le Président ! »
L’assemblée, composée de personnels du ministère et d’élèves, a alors entonné en chœur « Joyeux anniversaire » en l’honneur du Président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui célébrait ce jour-là son cinquantième anniversaire. Une entorse flagrante au protocole républicain, qui a étonné bon nombre d’observateurs et pourrait susciter des réactions partagées quant à l’utilisation d’une cérémonie officielle à des fins de célébration personnelle. Pour certains, cet épisode s’apparente à une forme de culte de la personnalité, où l’hommage au chef de l’État prend le pas sur les principes institutionnels.
Ce n’est d’ailleurs pas le premier dérapage de Camelia Ntoutoume en la matière. Sous le régime d’Ali Bongo, lorsqu’elle occupait déjà le portefeuille de l’Éducation nationale, elle s’était illustrée par de telles attitudes à l’égard de l’ancien coordinateur des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, aujourd’hui en prison depuis le coup d’État du 30 août 2023. Une continuité qui interroge sur sa conception des institutions et du protocole républicain.
Si certains y verront une marque de reconnaissance envers le chef de l’État, d’autres s’interrogeront sur la place du protocole républicain dans une telle manifestation, alors que les militaires en renversant Ali Bongo avait justifié leur coup de force par une volonté de restaurer nos institutions.
Quoi qu’il en soit, cette cérémonie de levée des couleurs restera dans les annales comme un moment des plus inattendus de la seule rescapée du dernier gouvernement du régime déchu.