Toujours en cavale après plusieurs semaines de silence, Hervé Patrick Opiangah confirme dans cette vidéo qu’il est en vie et encore au Gabon. Filmé dans la pénombre pour préserver sa cachette, il réagit aux accusations récentes du procureur de la République, notamment pour atteinte à la sûreté de l’État, formulées le 13 novembre. Cette mise en scène soigneusement calibrée souligne la volonté d’un fugitif cherchant à démontrer qu’il est en vie, en parlant de la dernière actualité à son sujet et en contrôlant le narratif autour de sa situation.
Cependant, ce qui choque davantage dans cet épisode, ce n’est pas seulement la politisation de ses ennuis judiciaires, à tort ou à raison — une stratégie somme toute classique, donc de bonne guerre — mais bien la manière dont il banalise et généralise des faits graves relevant de l’atteinte aux mœurs.
Banalisation de l’inceste : un malaise palpable
Dans son discours, Hervé Patrick Opiangah évite soigneusement de nommer explicitement les faits de violation, d’inceste et de séquestration reprochés, créant un sentiment de gêne. Il mentionne vivre avec sa fille par alliance, la fille de son épouse, qu’il a élevée et avec laquelle il a eu des enfants, sans jamais employer les termes évocateurs de la situation : inceste, viol ou séquestration. En présentant les auteurs des plaintes — la mère et le grand-père de sa compagne — il contourne les liens familiaux pour édulcorer leur signification, préférant des formulations ambiguës comme « la mère de ma fille », au lieu de ma belle-mère ou « le père de la mère de mes enfants », plutôt que mon beau-père.
Cette approche, loin d’être anodine, reflète une stratégie d’évitement et un refus d’assumer publiquement des actes qui, à juste titre, répugnent à nos valeurs sociétales. En minimisant l’ampleur de ces faits, il contribue à une dangereuse banalisation de l’inceste.
La généralisation de l’inceste comme défense
Plus troublant encore, Hervé Patrick Opiangah tente de diluer sa responsabilité en prétendant que de telles pratiques seraient monnaie courante au Gabon. En se présentant comme un fils des neuf provinces, originaire du Haut-Ogooué, il semble insinuer que l’inceste serait un phénomène culturellement enraciné dans toutes les régions du pays. Ce discours, non seulement infondé, porte atteinte à la dignité de nos populations et relève d’une tentative de justification inacceptable.
Une telle rhétorique constitue une insulte à l’éthique et à la morale qui sous-tendent notre société. Elle détourne l’attention des faits pour tenter de noyer des pratiques déviantes dans une généralité factice, ce qui est non seulement irresponsable, mais dangereux.
L’immunité des puissants en question
Cette vidéo soulève enfin une question fondamentale : les puissants sont-ils au-dessus des lois et de la moralité ? Hervé Patrick Opiangah, homme d’affaires influent, ancien ministre et acteur présumé du coup d’État du 30 août 2023, utilise son statut pour tenter de détourner l’opinion. Sa contribution à la création d’emplois ou son rôle politique, si importants soient-ils, ne peuvent en aucun cas excuser des comportements contraires aux us et coutumes ni exonérer des actes illégaux aux antipodes de la moralité qui guide notre société et notre vivre-ensemble.