Oligui Nguema se trouve à la croisée des chemins, avec la responsabilité de transformer les promesses en réalité. Il doit relancer une économie vacillante, créer des emplois pour une jeunesse désespérée, moderniser des infrastructures obsolètes et restaurer la confiance dans des institutions minées par la corruption. Son succès dépendra de sa capacité à naviguer entre les attentes populaires et les contraintes financières, tout en évitant les écueils de l’autoritarisme.
La dépendance du Gabon au pétrole, dont les réserves s’épuisent, exige une diversification économique urgente. Le pays ne peut se permettre de stagner avec une croissance à long terme projetée à seulement 1,6 %. Dans cette perspective, le développement du secteur minier, notamment à travers l’ambitieux projet du fer de Belinga, représente une opportunité majeure. Ce projet stratégique vise à propulser la contribution des mines au PIB national de 6 % à 15 % d’ici 2040, avec un potentiel d’atteindre un tiers grâce à la transformation locale des minerais. Au-delà de son impact économique, le projet de Belinga est porteur d’un espoir social considérable, avec la promesse de générer environ 163 000 emplois et de désenclaver des régions entières grâce au développement d’un corridor logistique. La concrétisation de ce projet pourrait positionner le Gabon comme un acteur clé sur le marché minier africain, à condition de surmonter les défis financiers et logistiques inhérents à une entreprise d’une telle envergure.
Les secteurs prometteurs tels que l’agriculture et le tourisme doivent également être développés pour créer une économie plus résiliente et durable. Parallèlement, la dette publique, qui avoisine les 7 500 milliards de FCFA, soit près de 79 % du PIB, doit impérativement être réduite pour se conformer aux normes de la CEMAC.
Le chômage des jeunes, qui touche plus d’un tiers des 15-24 ans, constitue une bombe à retardement sociale. Si la promesse de 25 000 emplois durant la transition est un premier pas, des solutions structurelles et durables sont indispensables. Le rôle annoncé de la Banque du Commerce et de l’Entrepreneuriat (BCEG) dans ce processus sera crucial. De plus, le coût élevé de la vie et l’accès limité aux services de base exigent des mesures concrètes pour améliorer le quotidien des Gabonais.
Sur le plan des infrastructures et des services publics, les défis sont considérables. Les coupures d’électricité et d’eau freinent l’activité économique et exaspèrent la population. La proposition de scinder la SEEG et d’investir massivement dans les réseaux est une piste à explorer sérieusement. Si des progrès notables ont été réalisés en matière de routes bitumées, l’amélioration des liaisons interprovinciales reste une priorité pour désenclaver l’arrière-pays et favoriser un développement équilibré du territoire. Le renforcement des plateaux techniques hospitaliers est également essentiel pour garantir un accès à des soins de qualité pour tous.
La corruption, le clientélisme et l’inefficacité ont gangrené les institutions gabonaises. Une refonte en profondeur des entreprises publiques telles que la CNSS et la CNAMGS, associée à une gouvernance rigoureuse, est une urgence absolue. Oligui Nguema devra également faire preuve de doigté politique afin de maintenir la cohésion d’une coalition politique potentiellement fragile.
Après le coup d’État de 2023, la légitimité du nouveau président dépendra de sa capacité à traduire ses promesses de réforme en actes concrets. Les yeux des observateurs internationaux sont rivés sur le Gabon. Sur le plan diplomatique, tout en étant félicité par certains dirigeants, Oligui Nguema devra maintenir des relations équilibrées avec les partenaires internationaux, notamment la France, acteur historique du pays.
La tâche qui attend le président Brice Clotaire Oligui Nguema est immense et semée d’embûches. Cependant, avec une vision claire, une volonté politique affirmée et une action concertée, il est possible de transformer l’espoir actuel en un avenir plus prospère et équitable pour le Gabon. L’heure n’est plus aux promesses, mais à l’action.