Un tournant politique assumé
Longtemps connu pour son militantisme syndical à la tête de Dynamique Unitaire, Jean-Rémi Yama a souvent affronté le pouvoir en place, ce qui lui a valu plusieurs incarcérations sous la présidence d’Ali Bongo. Libéré en septembre 2023 après le coup d’État militaire mené par le général Brice Oligui Nguema, il a récemment fondé le Parti National pour le Travail et le Progrès (PNTP), avec pour ambition d’influencer le paysage politique.
Interrogé sur les raisons de cette transition du syndicalisme à la politique, Jean-Rémi Yama a expliqué que les luttes menées ces trente dernières années n’ont pas permis de faire évoluer de manière significative les conditions de vie des travailleurs. “Nous avons compris que c’est sur le plan politique que les choses vont changer pour les Gabonais,” a-t-il déclaré.
Un parti pour tous les Gabonais
Le PNTP ne se veut pas un parti strictement syndical, mais un mouvement plus large visant à rétablir la dignité et promouvoir le travail sous toutes ses formes, qu’il s’agisse des salariés, des entrepreneurs ou des chômeurs. “Ce n’est pas un parti seulement des travailleurs, c’est un parti qui va promouvoir le travail et inclure toutes les composantes de la société,” a-t-il précisé.
Un passé judiciaire, un obstacle politique ?
Malgré ses années de détention sous Ali Bongo, Jean-Rémi Yama ne voit pas son passé judiciaire comme un frein à une éventuelle candidature. “Je suis un prisonnier politique, ou du moins je l’ai été. Mon procès n’a jamais eu lieu,” a-t-il rappelé, insistant sur le fait qu’aucune disposition ne l’empêche, en théorie, de se présenter à l’élection présidentielle.
Une candidature encore en suspens
Si l’idée de sa candidature à la présidentielle est dans l’air, Jean-Rémi Yama a refusé de se déclarer officiellement. “Ma vie appartient aux Gabonais. La décision qui sera prise, ce ne sera pas celle de Jean-Rémi Yama seul, mais d’un groupe,” a-t-il affirmé.
Un regard critique sur la transition
Jean-Rémi Yama a exprimé des réserves sur le rôle du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par Brice Oligui Nguema, en rappelant que c’est le CTRI qui a tout organisé, du dialogue national au référendum constitutionnel. “On ne peut pas être joueur et arbitre “, a-t-il insisté, appelant les militaires à retourner dans les casernes.
Ingratitude ou engagement ?
Face aux accusations d’ingratitude envers le pouvoir de transition qui l’a libéré et l’a fait nommer sénateur, Jean-Rémi Yama a rejeté cette idée. “Ce que je défends est plus important que les considérations personnelles. C’est ce qui a motivé le CTRI à faire le coup d’État, et c’est ce qui motive mon engagement aujourd’hui,” a-t-il conclu.
Alors que l’échéance électorale approche, la position de Jean-Rémi Yama sera scrutée de près. Son entrée dans l’arène politique marquera-t-elle un tournant pour le Gabon ? Réponse dans les semaines à venir.