Des défis colossaux à relever
La prise de fonction de Mark Alexandre Doumba s’inscrit dans une période de turbulences économiques. La Banque mondiale a récemment annoncé le gel de ses financements au Gabon en raison d’arriérés persistants. En outre, lors de la cérémonie de présentation des vœux au corps diplomatique le 9 janvier, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a sollicité une assistance technique auprès du Fonds monétaire international (FMI) pour stabiliser les finances publiques et relancer l’économie. Ces demandes traduisent une situation critique où le Gabon cherche à regagner la confiance de ses partenaires.
Le pays est sous la pression des bailleurs de fonds qui, lors du sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) le 16 décembre 2024 à Yaoundé, ont exigé des mesures concrètes pour faire face à la baisse des réserves de change de la région. Ces réserves, qui couvraient 4,6 mois d’importations en 2023, sont en déclin depuis 2024, se rapprochant dangereusement du seuil critique de 3 mois, mettant ainsi en péril la stabilité monétaire régionale. Le Gabon a par ailleurs été soupçonné par ses partenaires de ne pas fournir de données économiques fiables, aggravant les tensions avec les institutions internationales.
Face à cette conjoncture, les chefs d’État de la CEMAC ont décidé de renforcer la réglementation des changes, notamment en exigeant des entreprises extractives qu’elles signent, d’ici le 30 avril 2025, des conventions de compte séquestre pour les fonds de restauration des sites. Ces mesures visent à améliorer le rapatriement des devises, tandis que les États membres sont exhortés à consolider leurs budgets et à fournir des données économiques fiables.
Le risque de dévaluation plane sur la région si ces efforts ne portent pas leurs fruits, accentuant l’urgence pour le Gabon de mettre en œuvre des réformes économiques structurelles.
Une mission délicate pour Mark Alexandre Doumba
Dans ce contexte, Mark Alexandre Doumba hérite d’une mission complexe. Parmi les priorités immédiates figurent la modernisation de l’économie nationale, le renforcement de la transparence budgétaire, et la mise en œuvre de politiques visant à restaurer la confiance des partenaires internationaux.
Son expérience en finance et en gestion économique sera cruciale pour relever ces défis. Cependant, sa réussite dépendra de sa capacité à instaurer des réformes ambitieuses tout en naviguant dans un environnement politique et social marqué par de fortes attentes. La diversification économique, la promotion de l’inclusion financière, et la lutte contre la dépendance excessive aux ressources extractives seront des enjeux centraux.
Il est important de noter qu’à la fin de l’année 2023, l’encours de la dette publique du Gabon était établi à plus de 7131 milliards de FCFA, et ce montant devrait inéluctablement s’accroître en 2024, exacerbant ainsi la pression sur les finances publiques et les politiques économiques à adopter.