Dans une brève déclaration télévisée diffusée sur Gabon 1ere, ce lundi soir, André Patrick Roponat est revenu sur l’enquête diligentée par ses services “visant à comprendre les raisons de ce naufrage pour parvenir à établir la responsabilité des uns et des autres.” a-t-il déclaré.
“A ce jour certaines personnes ont fait l’objet d’interpellation et leurs auditions sont en cours pendant qu’elles sont gardées à vue. Il faut noter que d’autres interpellations sont à envisager dans les heures à venir” a-t-il conclu.
Pourquoi le procureur de la République n’a t-il pas livré les noms des personnes interpellées et leur nombre exact ? Bien entendu, ces individus, tant qu’ils ne sont pas jugés coupables des faits reprochés par une juridiction compétente, bénéficient de la présomption d’innocence. S’agissait-il pour le procureur de la République de se livrer à un simple exercice de communication cosmétique, sans aller dans le fond du dossier alors que l’opinion attend des résultats concrets ?
A moins de vouloir prêter le flanc à la rumeur qui pense que les coupables sont connus et qu’il est question ici de hautes personnalités qu’il faut ménager en attendant que l’affaire se calme ou de trouver des boucs émissaires ? Dans tous les cas, il est difficile de comprendre la légèreté du point de presse du procureur de la République quatre jours après l’ouverture de l’enquête. Surtout qu’il est question ici de plusieurs pertes en vie humaines, et que les chances de retrouver des survivants, de l’aveu même du Premier ministre Alain-Claude Billie-By-Nze, à la suite d’une réunion présidée par le président de la République Ali Bongo Ondimba dans l’après midi du lundi 13 mars : “à ce stade il est devenu quasiment impossible de retrouver des survivants sauf miracle”. Ce qui pourrait porter le bilan total à 37 morts dans les jours à venir avec la fin des recherches.
En 2019 lors du lancement de l’opération anti-corruption “Scorpion”, le parquet de la République avait abondamment communiqué. Des noms avaient été livré, les mobiles et les détails des arrestations des concernés étaient connus. Au point que pour l’opinion, Brice Laccruche Alihanga, Toni Mba, Renaud Allogho Akoué, Christian Patrichi Tanassa, et les autres étaient coupables bien avant la tenue de leur procès. Peut-être parce que les faits reprochés à leur endroit étaient graves : détournement de fonds publics et blanchiment d’argent. Pourquoi alors ce deux poids deux mesures ? Seule certitude, l’enquête ouverte par les autorités gouvernementales pour faire la lumière sur le naufrage du bateau M/V Antonieta, chalutier battant pavillon camerounais, qui a coulé, durant la nuit du 15 au 16 février, alors qu’il était en rade dans la baie du Port-Môle de Libreville suivrait toujours son cours.