Comment encourager les activités à valeur ajoutée ?
PIETRO AMICO : La première condition sine qua non pour des industries comme la métallurgie est la fourniture d’énergie à un prix durablement compétitif, en particulier l’électricité. Deuxièmement, la disponibilité de l’expertise. Quiconque considère les activités de transformation sait que cette étape dépasse les activités minières typiques bien en place dans le pays. À mesure que l’industrie progresse, un capital humain compétent et qualifié est nécessaire : opérateurs, techniciens, ingénieurs et gestionnaires. Pour répondre à cette demande, l’Etat gabonais et Comilog ont conclu un partenariat pour créer l’Ecole des Mines et de la Métallurgie de Moanda (EMMM), qui devrait ouvrir début 2016 pour former des techniciens et des ingénieurs.
La troisième nécessité est la logistique. Une fois que l’industrie vise à transformer des produits, nous devons importer des réactifs et des équipements, et exporter des produits manufacturés. À cet égard, toutes les infrastructures doivent être modernisées pour absorber le nouveau trafic entrant et sortant. La dynamique du secteur est appelée à changer et la compétitivité du Gabon en tant que producteur de minerais et de matériaux en aval augmentera de manière significative. De plus, il est essentiel de consolider un partenariat de confiance avec l’État gabonais.
Quel impact le pôle industriel de Moanda aura-t-il sur la transformation domestique du manganèse ?
AMIC :Pour la première fois dans l’histoire de l’industrie minière gabonaise, nous produisons des produits manufacturés à valeur ajoutée en utilisant une technologie de pointe. Quelque 20 000 tonnes de manganèse métal et 65 000 tonnes de silicomanganèse sont en cours de production, démarrées en août 2014. Cette production devrait avoir un impact positif sur la consommation locale de minerai de notre mine, sur les marchés de l’emploi direct et indirect, et devrait développer la offre locale de services et de fournisseurs. Il favorisera également les exportations, principalement vers les marchés internationaux. L’assurance de la compétitivité et de la rentabilité de la nouvelle division industrielle dépend d’un approvisionnement en électricité fiable et compétitif, de l’intégration de cette nouvelle unité dans les opérations existantes de Moanda et de la maîtrise des coûts logistiques. Concernant l’approvisionnement en électricité.
Quels sont les atouts du Gabon dans le secteur minier ?
AMICO : Le Gabon se trouve dans la première phase d’industrialisation et de diversification, et l’aval du secteur minier devrait être un moteur clé du développement. Cela signifie qu’il existe de nombreuses opportunités. Pour mener à bien cette démarche, il faut un cadre réglementaire et fiscal clair. Les nouveaux codes minier et de l’environnement y contribueront significativement. En plus d’être riche en minéraux de qualité, le Gabon possède des mines à ciel ouvert qui facilitent les activités d’exploration et d’exploitation. Il y a aussi une vision forte du gouvernement, inscrite dans le plan stratégique Gabon Emergent, qui vise à favoriser la collaboration entre les responsables politiques et les acteurs économiques.
Quelles sont les principales contraintes du pays en matière de transports et d’infrastructures ?
AMIC :Comme mentionné, l’infrastructure logistique est essentielle en termes de capacité et de coût pour le développement des activités en aval. L’un des principaux corridors de transport à travers le pays est le chemin de fer transgabonais, dont la concession a été accordée à la Setrag. Pour faire face à la demande croissante de la société civile et des acteurs industriels, et pour permettre de nouveaux projets miniers dans le pays, la coopération entre l’État et notre groupe se renforce pour aligner vision et plans d’action et sécuriser les financements autour d’une vision partagée d’une société compétitive, chemin de fer durable, fiable et respectueux de l’environnement. En parallèle, le développement d’alternatives multimodales telles que le transport fluvial et routier devrait être étudié. La route Libreville-Franceville et l’option fluviale du projet Maboumine en sont de bons exemples. Plus l’industrie se concentre sur l’amont.