Alors que le Gabon et la France organisent le One Forest Summit à Libreville du 1er au 2 mars 2023, quelques mois après la COP27, quid des financements attendus par les pays du sud pour faire face aux changements climatiques ?
Les attentes de la société civile africaine et particulièrement gabonaise c’est celle du respect de l’article 5, notamment les engagements financiers de la communauté internationale, notamment la France. Vous vous souvenez que pour signer l’Accord de Paris, la France avait fait usage de sa diplomatie et de sa proximité avec ces anciennes colonies pour permettre à l’Accord de Paris de rentrer très rapidement en application. Malheureusement, une fois l’accord signé, la France a laissé tomber toutes ses anciennes colonies, en les soumettant au Fonds vert pour le climat où les procédures d’obtention des financements sont compliquées et soumis au diktat des agences européennes qui sont les seules à pouvoir décaisser les financements. Et même lorsque vous répondez au critère, obtenir les financements relève du parcours du combattant. Pour les pays de l’Afrique centrale, nous sommes restés dans une hypocrisie, où on nous demande de faire de la conservation pour la conservation, sans obtenir des financements en retour. Il se trouve qu’aujourd’hui, le président Macron qui est au Gabon et qui avait lancé le One Planet Summit, avait promis lancer le fonds pour l’adaptation qui n’a malheureusement jamais vu le jour, car la France n’a jamais eu de l’argent pour ce financer ce fonds.
Puisque vous dénoncer le manque d’appui financier de la communauté internationale, peut-on parler d’une certaine hypocrisie de l’Occident au regard des promesses non tenues par ces derniers ?
Nous estimons que les attentes de l’Afrique centrale réside au niveau de la lutte contre les conséquences liées au changement climatique : éboulements, sécheresse, inondations etc. Donc il faudrait mettre de l’argent dans l’adaptation climatique. Parce que l’on ne peut pas pousser les pays du Bassin du Congo à faire de la conservation pour la conservation, alors qu’ils ont encore besoin de se développer. Au lendemain de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’Allemagne est reparti au charbon alors que l’Accord de Paris l’interdit. Les États-Unis sont repartis dans l’exploitation du gaz de schiste et vous avez aussi la France qui est repartie au nucléaire, ça voudrait dire que l’Accord de Paris n’est imposée qu’à certains pays. L’Union européenne a pris une directive mettant en mal le développement économique et sociale de nos Etats parce qu’elle interdit les produits dit exploités dans les zones déforestés. Mais à quel moment le parlement européen et les parlements de nos pays se sont retrouvés pour décider du niveau de déforestation pour ne pas dire déforestation zéro à mettre en vigueur. Il y a encore une autre hypocrisie, les Européens aiment bien le chocolat, mais le chocolat qui le produit et qui le plante ? Qui plante le café et le cacao ? C’est bien la Côte d’Ivoire et l’Afrique centrale ! Mais pendant ce temps le président français ne pourra jamais interdire au petit français de ne pas consommer du chocolat, donc là il y a une hypocrisie. Donc il est important, que les parlementaires qui se sont réunis au Gabon prennent en main cette question et qu’il y ait un débat entre le parlement européen et les parlements africains.
Combler notre déficit énergétique fait également partie des objectifs pour faire face au changement climatique. En ce qui concerne le Gabon qu’elles sont vos attentes ?
Nous savons que le Gabon a un énorme potentiel au niveau gazier et que ce potentiel gazier peut aussi intéresser la France, oui dans ce cas il faut permettre au Gabon et à l’Afrique de combler son déficit énergétique parce que nous avons vu ce que Veolia a fait en Afrique centrale, elle n’a pas développé un système de soutenabilité énergétique. Mais elle a plutôt tiré profit. Donc aujourd’hui si le gaz est là, ce gaz doit permettre la création des usines d’engrais, de créer des emplois, de nouvelles technologies et de nouvelles usines.