Pourquoi un État sollicite-t-il des observateurs internationaux ?
“La présence des observateurs internationaux est toujours conditionnée par une invitation du pays hôte, en raison du principe de souveraineté nationale”, explique Loïc Rudel Edzang. “Certains États, notamment ceux sortant de crises politiques ou institutionnelles, cherchent à renforcer la crédibilité et la transparence du scrutin. Dans le cas du Gabon, par exemple, cette démarche vise à rassurer les électeurs et la communauté internationale sur la bonne tenue de l’élection et la sincérité des résultats.”
Les conclusions des observateurs sont-elles contraignantes ?
“Non, elles ne le sont pas”, affirme notre expert. “Malgré leur présence sur le terrain, l’organisme national chargé des élections reste seul compétent pour proclamer les résultats. Les observateurs internationaux ont avant tout un rôle de veille et de documentation. Ils veillent à ce que le scrutin se déroule de manière transparente, que les électeurs puissent voter librement, que le processus de dépouillement soit conforme aux règles et que les résultats soient bien communiqués.”
Toutefois, leur présence n’est pas anodine : elle a une valeur symbolique forte en matière de promotion de la démocratie. “Leur simple présence peut dissuader certaines irrégularités et renforcer la confiance du public”, précise Loïc Rudel Edzang.
Une garantie contre la fraude ?
Interrogé sur l’impact réel des observateurs sur la lutte contre la fraude, notre expert reste mesuré. “En toute objectivité, je répondrais par la négative. Dans le jargon de l’observation électorale, on dit souvent que ce qui se passe le jour du scrutin n’est que la partie visible de l’iceberg. La fraude électorale, si elle existe, se prépare bien avant, lors de l’établissement des listes électorales, de l’organisation logistique, voire du comptage des voix.”
Un exemple marquant est celui de l’élection présidentielle gabonaise de 2016. “Les observateurs de l’Union européenne avaient pointé plusieurs irrégularités, mais leurs recommandations avaient été ignorées par le gouvernement en place”, rappelle-t-il.
Malgré ces limites, la présence d’observateurs internationaux reste une étape importante vers des élections libres et démocratiques. Comme l’affirmait Kofi Annan : “La présence des observateurs internationaux permet d’assurer que les élections fassent réellement avancer le processus démocratique.” Une citation qui résume bien les espoirs et les attentes autour du scrutin du 12 avril 2025.