Un refus basé sur des arguments juridiques
Dans une correspondance datée du 11 février 2025, Jean Christophe Owono Nguema s’appuie sur la loi n°001/2017 relative aux réunions publiques. Il rappelle que l’article 6 impose que toute déclaration de réunion soit signée par au moins trois organisateurs disposant de leurs droits civils et politiques. Constatant que cette formalité n’a pas été respectée, il conclut : « Au regret de ne pouvoir donner satisfaction à votre demande, pour non-conformité de votre déclaration aux dispositions de la loi. »
Si cette décision semble techniquement fondée, elle intervient dans un climat politique où l’administration est accusée d’une application sélective des règles. À deux mois des élections générales du 12 avril 2025, cette interdiction interroge sur la sincérité de la transition censée restaurer un processus démocratique crédible.
Un adversaire politique dans le viseur du pouvoir
Cette interdiction s’inscrit dans un contexte politique de plus en plus polarisé. Ancien Premier ministre et figure du régime Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze a quitté le PDG en novembre 2024 pour se repositionner comme une alternative politique face à la junte au pouvoir. S’il n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature à la présidentielle, il est perçu comme le principal challenger du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui, sauf surprise, devrait briguer un mandat électif.
Le blocage administratif imposé à Bilie-By-Nze fait écho aux pratiques d’entrave systématique dont ont été victimes les figures de l’opposition sous les précédents régimes. Il révèle également une contradiction majeure de la transition : d’un côté, l’ambition affichée d’un renouveau démocratique, de l’autre, des mécanismes hérités du passé pour restreindre l’espace politique.
Un test pour la crédibilité du processus électoral
Alors que le Gabon s’apprête à tourner la page de la transition, la gestion de la période pré-électorale sera scrutée de près. L’application rigide de la loi contre certains acteurs politiques, alors que d’autres bénéficient d’une certaine latitude, pourrait alimenter les soupçons de favoritisme et fragiliser la confiance dans le scrutin d’avril prochain.
Le régime de transition devra rapidement trancher entre deux voies : maintenir un cadre électoral verrouillé ou permettre une véritable compétition ouverte. La réponse à cette question déterminera non seulement l’issue des élections, mais aussi l’avenir démocratique du pays.