Le mercredi 31 juillet à Libreville, les avocats d’Hervé Patrick Opiangah sont revenu à la charge en entretenant la presse sur les motivations de leur client dans l’« affaire Webcor ITP », du nom de la société de droit maltais avec laquelle l’État gabonais avait engagé un bras de fer dans le cadre du projet avorté du Grand marché de Libreville. La même société déboutée par la Cour d’appel de Paris a curieusement bénéficié d’un arrangement à 66 milliards de francs CFA du fait de certains commis de l’État.
« Les faits dénoncés par notre client sont d’une gravité exceptionnelle, et face à cela, le Parquet doit prendre ses responsabilités, poursuit l’avocat […] Rappelons-nous que la Cour d’appel de Paris, en prenant sa décision le 25 mai 2021, a clairement indiqué que le verdict de juin 2018 était l’œuvre de la corruption. Alors, comment comprendre qu’une telle transaction ait été sollicitée, alors même que l’État gabonais avait déjà gagné face à Webcor ITP ? […] Le protocole d’accord dénoncé par notre client s’assimile à un suicide de l’État gabonais qui s’est vu privé de ses juridictions, donc de son existence en tant qu’État. », a déclaré Me Célestin Mba Ondo.
Hervé Patrick Opiangah d’homme d’affaires risque-t-il pour sa vie, comme l’estime Me Jean-Paul Moumbembe ? « Son action est dangereuse. Elle peut tout éclabousser, y compris au plan politique. Il devrait faire attention, même pour sa vie. Mais nous irons jusqu’au bout, quelles que soient les personnalités qui se cachent derrière ce X. […] C’est une procédure en béton. Ceux qui doivent être entendus le seront », a déclaré l’un des ténors du barreau au Gabon.
Quid du silence du procureur de la République et des autorités de la transition ?
En effet, plusieurs semaines après le dépôt de la plainte d’Hervé Patrick Opiangah, curieusement ni le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ni le Parquet ne sont officiellement prononcés sur cette affaire. Que pourrait cacher ce silence, connaissant leur promptitude ? À l’occasion de cette conférence de presse, les avocats du plaignant ont esquissé quelques réponses, à l’exemple de Me Gisèle Eyue Bekale qui a estimé qu’il était trop tôt pour soupçonner le procureur de la République de quoi que ce soit.
« Nous ne pouvons pas encore juger du silence du Parquet trois semaines après que la plainte a été déposée, sachant le travail à faire dans ce genre d’affaire qui nécessite des enquêtes. D’autant plus qu’il s’agit d’une plainte contre X », a tempèré l’avocate qui indique par ailleurs qu’à ce jour, aucune preuve ne fait état d’un quelconque versement de 66 milliards de francs CFA à Webcor ITP par l’État gabonais. Affaire à suive.
(Avec GabonReview)
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