Dans la foulée de la chute du régime d’Ali Bongo, le nouvel homme fort du Gabon avait annoncé le rétablissement de la bourse scolaire suspendu au cours du second mandat du président déchu. Avant sa suspension, elle était accordée aux élèves des établissements publics, privés laïcs et confessionnels reconnus d’utilité publique ayant obtenu une moyenne générale de 10/20. Sauf que les autorités de la transition ont revu leur copie. En effet, ne sont plus concernés tous les élèves ayant obtenu une moyenne de 10/20. Dorénavant, au grand dam des apprenants, pour être éligible à l’obtention de la bourse scolaire, il faut réaliser une moyenne de 12/20 au premier cycle et 11/20 pour le second cycle.
La ministre de l’Education nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, désormais en première ligne, pour justifier cette modification des conditions d’obtention de la bourse scolaire a mis en avant la politique de la culture de l’excellence.
Ce revirement de situation de la junte n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt ? Plutôt que de justifier ce changement de cap en voulant mettre en avant le mérite, le CTRI n’aurait-il pas été rattrapé par la réalité économique après quatre mois d’exercice du pouvoir ?
Surtout qu’à la surprise générale, Brice Oligui Nguema dans son discours de vœux à la nation le 31 décembre 2023, a appelé les Gabonais à se tourner vers l’entrepreneuriat plutôt que le fonctionnariat où le modèle économique n’est plus adapté à la situation a-t-il justifié. Avant d’ajouter à la longue liste de ses promesses la création d’une banque nationale de développement pour accompagner l’entreprenariat. Une déclaration qui contraste avec l’annonce en grande pompe en octobre dernier par le Comité pour la transition et la restauration des institutions de la reprise du dépôt des dossiers à la Fonction publique.
Depuis qu’elle a pris le pouvoir le 30 août dernier, la junte ne cesse de multiplier les promesses comme la construction de Libreville 2, d’un nouvel aéroport et d’un tramway, ou encore le lancement d’une nouvelle compagnie aérienne. Problème : les nouvelles autorités de Libreville affirment réaliser toutes ses annonces en seulement deux ans. Si les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les écoutent, n’empêche, pressé par ses soutiens de se présenter à la présidentielle de 2025, s’il est candidat en cas de non-respect de ses engagements, Brice Oligui Nguema prend le risque d’être handicapé par un bilan accablant à force de multiplier les promesses aux contours populistes difficilement réalisables en moins de deux ans.