Des accusations graves de sévices et de tortures
Depuis leur incarcération en août 2023, Sylvia Bongo et son fils Noureddin seraient soumis à des traitements inhumains, selon leurs avocats. Me François Zimeray, Me Catalina de la Sota et Me Olivier Sur ont dénoncé des actes de torture, un isolement total et des privations extrêmes.
« Sylvia et Noureddin sont littéralement enfermés dans des oubliettes. Noureddin porte encore des traces visibles de chocs électriques », a déclaré Me Zimeray, décrivant une « descente aux enfers ».
Les avocats contestent également les propos du procureur de la République de Libreville, qui avait affirmé que les droits de la défense étaient respectés. Selon Me Catalina de la Sota, le premier parloir entre les avocats et leurs clients n’a eu lieu qu’après 17 mois, sous vidéosurveillance, dans des conditions qu’elle juge contraires à la procédure régulière.
Spoliations et pressions
Les actes de torture auraient également été utilisés pour extorquer des signatures à la famille Bongo, conduisant à une dépossession massive de leurs biens. « Sylvia Bongo a même été spoliée de biens familiaux acquis avant son mariage », a révélé Me Olivier Sur.
Une avancée judiciaire en France
En réponse à ces accusations, les avocats ont déposé une plainte à Paris pour séquestration arbitraire, torture et actes de barbarie. Cette initiative a conduit le tribunal judiciaire de Paris à désigner un magistrat spécialisé en crimes contre l’humanité.
« Nous savons qui sont les tortionnaires », a affirmé Me Zimeray. Le magistrat aura pour mission de conduire des investigations, entendre les suspects identifiés et, si nécessaire, émettre des mandats d’arrêt internationaux.
Un appel à la communauté internationale
Les avocats ont également saisi le groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires, espérant ainsi intensifier la pression internationale sur le Gabon. « Personne n’est au-dessus des lois, mais tout le monde a droit à sa dignité », a déclaré Me Olivier Sur.
Cette affaire, qui pourrait prendre une ampleur internationale, risque d’avoir des répercussions juridiques importantes pour les autorités gabonaises si les accusations sont confirmées.
En assistant à la conférence depuis Libreville, l’avocate gabonaise Me Gisèle Eyué Bekalé a choisi de rester discrète, s’abstenant de tout commentaire public en raison de ses obligations déontologiques.
Alors que l’enquête française débute, cette affaire marque une étape décisive dans la lutte pour les droits fondamentaux et la justice internationale.