Une élection sous une nouvelle gouvernance
Depuis le 30 août 2023, date du coup d’État mené par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), la société civile gabonaise a accompagné le gouvernement dans la mise en place des réformes électorales. L’une des avancées majeures de cette transition est la création de nouvelles instances de contrôle des élections, en remplacement du Centre Gabonais des Élections (CGE), dissous après le changement de régime.
Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a récemment officialisé la composition de l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum (ACER). Une évolution qui, selon Nicaise Moulombi, répond aux attentes de la société civile.
« En tant qu’acteurs de la société civile, nous avons demandé ces instances. Elles sont enfin là, et nous ne pouvons que saluer cette initiative. Cela permet d’avoir des institutions capables d’accompagner efficacement le processus électoral, tout en maintenant le contrôle général au ministère de l’Intérieur. »
Un choix de profils diversifiés et transparents
Le mode de sélection des membres de ces nouvelles instances électorales marque également une rupture avec le passé. Contrairement à l’ancien CGE, souvent critiqué pour son manque d’impartialité en raison de la présence de représentants des partis politiques, le gouvernement a cette fois privilégié des profils issus de divers secteurs d’activité.
« Près de 250 candidatures ont été examinées avant de retenir neuf personnalités aux parcours solides. On y retrouve des universitaires, des juristes et d’anciens hauts cadres de l’administration. Des figures reconnues pour leur probité, à l’image du docteur Wenceslas Mangoni, ou du magistrat Jean Minko, qui ont toujours œuvré pour le respect des textes et des institutions. »
Pour Nicaise Moulombi, ce choix est un signal fort en faveur d’une gestion électorale plus neutre et crédible. Il appelle néanmoins ces nouveaux responsables à se montrer exemplaires et à travailler exclusivement pour l’intérêt national.
« Il faut laisser les compatriotes travailler, mais ils seront jugés sur les résultats. Nous devons éviter les attitudes de rejet systématique et plutôt encourager ces personnalités à donner le meilleur d’elles-mêmes. »
Des partis politiques en retrait dans l’organisation du scrutin
Une autre particularité de cette présidentielle 2025 est l’exclusion des partis politiques de l’organisation du scrutin. Par le passé, ces derniers exigeaient d’être représentés au sein des instances électorales, ce qui entraînait souvent des conflits d’intérêts. Désormais, la gestion est confiée à des techniciens et des experts indépendants, une décision que Nicaise Moulombi approuve pleinement.
« Auparavant, les politiques étaient juges et parties. Aujourd’hui, ce sont des hauts cadres de l’administration, détachés de toute appartenance partisane, qui superviseront le processus. C’est une avancée majeure pour la transparence électorale. »
Le débat autour de la présence des représentants des partis dans les bureaux de vote reste toutefois ouvert. Si certains estiment que chaque parti devrait être représenté, d’autres plaident pour que seuls les mandataires des candidats en lice puissent surveiller le déroulement du scrutin, conformément aux dispositions du code électoral.
Un test clé pour la transition
Cette élection présidentielle est un moment décisif pour le Gabon, qui vit une transition inédite depuis le renversement d’Ali Bongo Ondimba. La réussite du processus électoral sera scrutée de près, tant au niveau national qu’international.
Pour la société civile, il est impératif que ce scrutin marque une véritable rupture avec les pratiques du passé. La transparence et l’intégrité du vote dépendront de la capacité des nouvelles instances à garantir des élections crédibles et apaisées.
Le rendez-vous est donc pris pour le 12 avril 2025, une date qui marquera, sans aucun doute, un tournant majeur dans l’histoire politique du Gabon.