Bilie-By-Nze a mis en doute la sincérité des chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur, soulignant un écart de 4,82% dans le total des suffrages exprimés. Il a qualifié les scores obtenus de “soviétiques”, les jugeant révélateurs d’une compétition “ridicule entre soutiens zélés voulant absolument plaire à leur maître.”
“Certes, je n’ai pas gagné cette élection. Mais le vainqueur désigné l’a-t-il vraiment emporté à la régulière ?” s’est interrogé l’ancien Premier ministre, remettant en question la transparence du scrutin. Il a également dénoncé un “détournement de tous les moyens de l’État”, une “orchestration du faux” et une “confiscation du vrai”, accusant le camp présidentiel de bourrage des urnes, de suppression des suffrages de ses concurrents et d’omniprésence médiatique.
Bilie-By-Nze a comparé l’élection du 12 avril identique au référendum du 14 novembre dernier, en la qualifiant de “mascarade”, dénonçant la “mise en scène d’un pouvoir qui veut s’éterniser”. Il a remis en question l'”esprit du 30 août 2023″, date du coup d’État militaire qui avait renversé Ali Bongo, et a critiqué le processus de transition, qu’il juge entaché de “ruse”.
Malgré ses critiques, il a salué le climat d’apaisement dans lequel s’est déroulée l’élection, tout en déplorant la “disproportion des moyens” entre les candidats. Il a exprimé sa gratitude envers ses électeurs, affirmant que leurs voix “maltraitées” étaient la “promesse d’un autre Gabon”.
Bilie-By-Nze a annoncé son intention de rester “debout” pour défendre un “Gabon réellement démocratique, équitable, solidaire, décentralisé et réconcilié avec lui-même”. Il a appelé ses compatriotes à “refuser la dérive absolutiste” et à préparer un “retour à une démocratie véritable”.
Interrogé sur un éventuel recours devant la Cour constitutionnelle, il a répondu qu’il ne “perdrait pas son temps” à saisir une juridiction “gérée par son frère (Ndlr : le président de la Cour constitutionnelle est parent à Oligui Nguema)“. Il a également exclu toute collaboration avec le président élu, affirmant que sa conception de la démocratie impliquait que “celui qui est élu gouverne le pays” et que “celui qui a perdu l’élection se prépare dans son coin, dans son opposition”. “Je ne vais pas travailler avec lui” a-t-il affirmé.
Concernant sa participation à de futures élections, notamment les législatives, Bilie-By-Nze a indiqué qu’il se réservait la possibilité d’y participer, mais que ce n’était pas son “enjeu aujourd’hui”. Il a affirmé vouloir continuer à promouvoir ses idées, notamment la réforme de l’économie, des finances publiques et la mise en place d’un revenu universel garanti.
Il a averti des “nuages sombres” qui s’amoncèlent à l’horizon quant à la trajectoire des finances publiques et à un possible “marasme économique” dans le pays. Il a souhaité “bonne chance pour le Gabon” au président élu, espérant qu’il trouverait les “ressouces indispensables” pour répondre aux attentes sociales de la population.
En réponse à une question sur le faible score obtenu (3,3%), Bilie-By-Nze a déclaré : “Je n’ai pas gagné l’élection, c’est évident. Mais j’ai gagné mieux que l’élection. Il y a 20 000 Gabonais qui ont rassemblé leur suffrage officiel derrière mon nom. Il y a un nom, il y en a qui ne le pensaient pas. Et donc dans cette élection, il y a un vainqueur certes, mais il y a une victoire politique. Celle de Bilie-By-Nze dans cette élection, qui aujourd’hui l’alternative dans ce pays.” Il a aussi ajouté qu’il était conscient de la présence d’une “machine de l’État, la machine de l’armée, la machine du PDG et toutes les autres formations politiques pour la victoire d’un homme” mais que cette élection était aussi une campagne pour partager ses idées. “Et aujourd’hui, les Gabonais savent ce que je pense. Les Gabonais savent qu’il y a une alternative crédible et possible face aux militaires”