De retour au Gabon, il sera courtisé par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (Seeg) et par l’anglo-néerlandais Shell, mais il préfère refuser ces avances pour se consacrer à l’enseignement. C’est en 1999, que le jeune enseignant de l’université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), par ailleurs ancien président de l’Association des Gabonais de Toulouse, intègrera volontairement le Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec)
Pour mémoire, le Snec portait un projet d’accès au logement, c’est en 2000 qu’il sera concrétisé avec l’octroi aux enseignants par l’État gabonais, d’une parcelle de 37 hectares dans ce qui est devenu la commune d’Akanda. Aussi, l’État décidait-il d’accorder une aide financière aux bénéficiaires. C’est ainsi qu’en 2005, une somme de 4 milliards de francs a été débloquée pour les travaux de viabilisation du site en question.
Dans leur organisation, les enseignants éligibles à l’époque créent une association, avant de constituer une société civile immobilière (SCI), qu’ils dénomment alors SCI-Serpentin. Ils confient ensuite la gestion du projet immobilier à leur collègue Jean-Rémy Yama, alors secrétaire général de l’USTM, fonction qu’il cumulait avec celle de président du Snec.
Toutefois, en fin d’année 2021, quatre de ses collègues lui ont porté plainte pour escroquerie et abus de confiance pour n’avoir pas pu réceptionner les maisons pour lesquelles ils auraient investi, notamment Thierry Blanchard Ekogho, Ibrahim Touré Abdouramane, Thomas Makani et Zamson Daudet Medza Mve.
Jean Rémy Yama paierai-t-il le prix de son soutien à Jean Ping, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle ?
De la lutte syndicale à la lutte politique, la frontière est étroite, Jean Rémy Yama s’engage par ailleurs en politique, au sein de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) de Zacharie Myboto, et candidat aux législatives de 2006 dans l’Ogooué-Lolo, sans succès.
En 2015, il devient le premier président de Dynamique unitaire, confédération d’une quarantaine de syndicats de l’administration, dont le Snec, est membre. Au regard de la situation socio-politique du Gabon, en 2016, l’universitaire affirme son allégeance à la candidature de Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’UA, par ailleurs ancien gendre de la famille présidentielle.
Pour rappel, Jean Rémy Yama a été interpellé par la police de l’air et des frontières (PAF), à l’Aéroport international Léon Mba le 17 février 2022, alors qu’il se rendait au Sénégal pour des raisons de santé. Il a été incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis le 02 mars dernier.
Pour Me Anges Kevin Nzigou, son client devrait bénéficier d’une mise en liberté provisoire, suite à l’expertise médicale réalisée à l’hôpital américain de Neuilly, en France, qui préciserait que son client souffrirait d’un «syndrome d’apnée de sommeil sévère». Ce qui obligerait le leader syndical à dormir à l’aide d’un appareil dont le réglage régulier n’est fait qu’à l’étranger, «Le niveau sévère de ce syndrome peut, si rien n’est fait, conduire à la mort cérébrale», a soutenu l’avocat.
Suite à ce refus de mise en liberté provisoire, sa famille biologique, a tenu à informer l’opinion publique nationale et internationale le 04 juin dernier, que s’il arrivait l’irréparable à leur fils, les autorités judiciaires seraient responsables. Pour, Pierre Manong « Nous affirmons que s’il advenait que l’état de santé de Jean Rémy YAMA se détériorerait davantage, les autorités judiciaires seraient responsables de ce qui pourrait lui arriver de façon tragique » et d’ajouter «Cette responsabilité peut également se vérifier lorsque malgré les rapports d’expertise médicale concordants établis respectivement par un médecin gabonais agréé, et par son médecin traitant en France, révélant que l’état de santé de Jean Remy Yama est critique et exigerait une prise en charge spécifique urgente dans une structure sanitaire appropriée eu égard notamment à l’appareil respiratoire qu’il porte et dont il a besoin pour vivre confortablement » a affirmé l’oncle maternel.