Si les Gabonais se cherchaient un Kémi Seba, ils le trouveraient en la personne de Privat Ngomo, qui a fait de l’anti-impérialisme français, plus précisément de libérer le Gabon de la Françafrique sa marque de fabrique.
En juillet 2016, après l’élection présidentielle d’août, avec une quarantaine de jeunes vêtus d’un tee-shirt à l’effigie de l’opposant Jean Ping, il avait bloqué la circulation devant l’ambassade de France, à Libreville, en demandant à ce que l’Elysée reconnaisse la victoire électorale de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine face à Ali Bongo Ondimba. déclaré vainqueur. Arrêté, il avait passé dix-huit mois derrière les barreaux pour propagation de fausses nouvelles et d’entrave à la circulation routière.
Le 26 février 2023, la veille, après avoir été interpelé puis relâché quelques heures, par des personnes en civil non identifiées se présentant comme des officiers de police judiciaire, alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence de presse contre l’arrivée d’Emmanuel Macron au Gabon pour participer au One Forest Summit de Libreville, il avait finalement annoncé sa candidature à la présidentielle du 26 août dernier.
Hasard de l’histoire, sa nomination intervient quelques jours après l’audience accordée par le président de la Transition, Oligui Nguema, au Palais Rénovation ce 19 mars, à « L’envoyé personnel » du président français Emmanuel Macron pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, pour discuter d’un nouveau partenariat militaire entre la France et le Gabon. Pour rappel, en 2008, alors qu’il est chargé de la Coopération, il demande publiquement au président Nicolas Sarkozy, conformément aux promesses de la campagne présidentielle de celui-ci, de mettre fin à la Françafrique. Ce qui lui vaudra l’ire du président Omar Bongo Ondimba qui va obtenir son éviction après des pressions exercées sur l’Elysée.