En 2022, la question de la prévoyance sociale au Gabon était au cœur des discussions entre le gouvernement et le patronat. Face à des difficultés majeures, notamment dans le paiement des retraites et la fourniture de la sécurité sociale, la FEG semblait être sur le point d’obtenir une gestion quasi-exclusive de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Cette promesse avait été formulée le 8 décembre 2022, lors d’un déjeuner au Palais Rénovation offert par Ali Bongo Ondimba à Henri-Claude Oyima, président de la FEG.
« Nous avons été heureux des annonces du chef de l’État sur la problématique de la prévoyance sociale. C’est-à-dire que désormais, la Caisse nationale de sécurité sociale et la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale seront gérées, comme nous l’avons souhaité, par le secteur privé », s’était alors réjoui Henri-Claude Oyima à l’issue de cette rencontre.
Cependant, les espoirs nés de cet engagement n’ont jamais été concrétisés. Après le coup d’État du 30 août 2023 qui a vu l’arrivée au pouvoir du général Brice Clotaire Oligui Nguema, une tentative de réforme avait été annoncée. Le président de la Transition avait ordonné, dès le 31 août, que la gestion de la CNSS et de la CNAMGS soit confiée au secteur privé, répondant ainsi à une demande formulée depuis plusieurs années par le patronat gabonais. Mais cette mesure, bien que déclarée d’application immédiate, est restée lettre morte.
Une crise sanitaire et sociale alarmante
La situation s’est aggravée avec la décision du Syndicat des Pharmaciens du Gabon (Sypharga) de suspendre, à compter du 1er janvier 2025, la délivrance de médicaments aux assurés de la CNAMGS. Cette décision drastique résulte d’une dette de plusieurs milliards de francs CFA que la CNAMGS accumule depuis des années sans jamais régler la situation.
En octobre 2024, Sypharga avait lancé un ultimatum de douze jours à la CNAMGS pour obtenir un plan de remboursement clair. Faute de réponse, les pharmacies affiliées se sont retrouvées dans l’incapacité financière de poursuivre la distribution de médicaments, plongeant ainsi une grande partie de la population dans une situation sanitaire critique. Étranglées par des impayés chroniques, ces structures ne peuvent plus assurer leur mission.
Une population laissée pour compte
Les conséquences de cette crise sont dramatiques pour les assurés de la CNAMGS, dont beaucoup appartiennent aux franges les plus vulnérables de la population. Sans accès aux médicaments, ces derniers se retrouvent confrontés à des choix impossibles entre leur santé et d’autres besoins essentiels.
Malgré les promesses répétées de réformes structurelles, le système de prévoyance sociale gabonais semble aujourd’hui dans une impasse. L’absence de volonté politique pour résoudre cette crise met en lumière les défaillances profondes de la gestion publique dans ce secteur vital.
Quelle issue pour la prévoyance sociale au Gabon ?
Alors que la crise s’étend et menace de devenir incontrôlable, la nécessité d’une action immédiate et coordonnée est plus impérative que jamais. La mise en œuvre effective des réformes promises, notamment le transfert de la gestion de la CNSS et de la CNAMGS au secteur privé, pourrait constituer un premier pas vers une résolution durable. Mais pour cela, il faudra surmonter les inerties administratives et garantir une transparence dans la gestion des fonds publics.