Sa réapparition intervient moins de 24 heures après l’annonce par le parquet de Libreville de nouvelles charges pesant dorénavant contre lui pour atteinte à la sûreté de l’État.
Apparaissant visiblement fatigué, avec une barbe blanche hirsute, Hervé Patrick Opiangah s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis sa cavale. « Ce que le procureur a omis de vous dire, c’est qu’ils n’ont jamais éventré mes coffres ou le coffre dans mon domicile en présence de mes enfants, de mon personnel ou de mes avocats. […] Ils ont emporté tous les coffres à leur direction de la PJ et ils ont procédé à l’ouverture de mes coffres sans la présence de mes avocats, et donc à l’abri des regards de tout le monde », a-t-il accusé. Quant aux sommes et aux bijoux saisis, notamment 175 millions de francs CFA, il a assumé : « Oui, je pourrais les justifier à tout moment. Je travaille depuis près de 40 ans. Je suis un chef d’entreprise, je suis patron de plusieurs entreprises, et je pourrais le justifier les yeux fermés. Les bijoux ? Mais je les ai payés dans le temps où ils m’ont été offerts en cadeau que je pourrais prouver à tout instant. »
L’ancien allié du président Oligui Nguema a lié ses démêlés judiciaires à des enjeux politiques. « Je m’inscris en faux sur les pseudo-dossiers trouvés me compromettant ou me prêtant des intentions de vouloir déstabiliser les institutions de la République », a-t-il affirmé.
« Monsieur le procureur a oublié qu’à ce sujet, le 20 novembre 2024, au parquet de la République, j’ai déposé une plainte, où déjà je relatais les faits de ce qu’il y avait une conspiration autour de ma personne depuis le mois de septembre, qui tendrait à penser ou à construire des mensonges sur ma prétendue implication dans une forme de déstabilisation. […] Ces révélations m’ont été faites par les agents de la GR (Garde républicaine, Ndlr) que c’était initié par leur hiérarchie, et ces révélations ont fait l’objet de transcriptions officielles par voie d’huissier. »
À propos des accusations de viol, d’inceste et de séquestration dont il fait l’objet, il a également déclaré être innocent : « À cet instant, la mère de mes enfants, Biloghé Lucie, n’avait jamais initié de plainte. Mais, comme par hasard, quelques jours après, c’est elle qui devient plaignante. » Opiangah a rappelé qu’une plainte de son fait, suivie d’une enquête antérieure à Lambaréné, avait conclu à l’inexistence des faits : « Tout avait été corroboré pour dire que cela n’avait jamais existé. Comment comprendre qu’en deux mois, quelqu’un puisse se déjuger ? »
Dans un ton conciliant mais critique, l’homme d’affaires et personnalité politique a appelé plusieurs figures politiques, dont Paulette Missambo, Raymond Ndong Sima, Barro Chambrier, et le professeur Ondo Ossa, à jouer un rôle dans l’apaisement des tensions. « J’appelle à la sagesse, vraiment, des frères et sœurs : mon aîné, mon maître donc, Ndong Sima, parce que vous m’avez tenu, tu m’as tenu au karaté. Ma sœur, ma grande sœur Paulette Missambo, mon frère François Ndong Obiang, mon oncle Barro Chambrier, mon frère le professeur Ondo Ossa, mon jeune frère Thérence Gnembou, mon autre jeune frère Jocktane. Et j’en passe. »
Il a également appelé le président Oligui Nguema à œuvrer pour la paix et l’unité nationale : « Monsieur le président, je vous demande de pouvoir œuvrer à ce qu’il y ait une accalmie. […] Dieu, qui nous a créés, ne nous a pas donné l’autorisation de nous autodétruire. Je prie pour que la sagesse l’emporte sur toutes les passions. »
« Quand la sécurité me sera garantie, je viendrai en âme et conscience, parce que je ne me reproche de rien. Et mon problème encore, encore, je le répète, il est politique. Tout le reste, c’est de l’habillage, c’est de l’invention », a-t-il conclu dans sa défense.
Pour rappel, les ennuis judiciaires de Hervé Patrick Opiangah ont débuté au lendemain de son opposition, en appelant à voter pour le « Non » au référendum du 16 novembre 2024 portant sur le projet de nouvelle Constitution, une prise de position qui pourrait avoir exacerbé les tensions autour de sa personne.
Son appel sera-t-il entendu ? La réponse dans les prochains jours, voire les semaines à venir. Mais peu importe l’issue, cette affaire ne sera pas sans conséquence sur la transition.