Selon des témoignages recueillis, un sentiment d’injustice et de favoritisme prévaut parmi les fonctionnaires. “Il y a trop d’irrégularités. On sait très bien que c’est lié à la politique, aux élections”, confie un agent sous couvert d’anonymat. Des questions se posent notamment sur la manière dont ces rappels sont distribués. “Comment est-ce qu’ils redonnent aux mêmes personnes qui ont déjà eu le premier appel ?”, s’interroge un autre, pointant du doigt le fait que certains agents n’auraient reçu qu’un tiers de leurs dus, tandis que d’autres n’auraient rien perçu du tout.
Ces agents expriment également leur incompréhension face à la demande de constitution de dossiers pour ces rappels de solde. “Pourquoi demander aux agents de faire des dossiers alors que la solde a les dossiers de tous les agents ? Ils ont nos dossiers en machine”, s’indigne l’un d’eux. Cette démarche est perçue comme une aberration, d’autant plus que, selon les témoignages, de nombreux agents ne disposent pas des documents administratifs nécessaires, tels que les textes d’intégration, de titularisation ou d’avancement. “Ils bloquent les textes, ils te disent que le texte est en machine, ils ne veulent pas codifier les textes parce qu’ils savent que c’est de l’argent qu’il faut ajouter sur les salaires des gens”, dénonce un agent.
La situation actuelle risque d’avoir des répercussions politiques, à en croire les fonctionnaires mécontents. “Là, c’est une bonne partie de l’électorat que le président va perdre, qu’il soit conscient de ça ou pas”, affirme un agent, soulignant le désarroi et la déception engendrés par ce qu’ils considèrent comme un manque de transparence et d’équité.
Les agents se demandent désormais comment ces rappels de solde sont réellement calculés et pourquoi certains sont payés tandis que d’autres sont laissés pour compte. Ils appellent à une clarification de la situation et à une plus grande transparence dans le processus de paiement. Cette affaire met en lumière une fois de plus les défis liés à la gestion de la fonction publique et des finances de l’État au Gabon. Il reste à voir comment le gouvernement réagira face à ces critiques et quelles mesures seront prises pour répondre aux préoccupations légitimes des agents de l’État.