En lâchant cette petite phrase anodine, Ndong Sima parle moins pour laisser entendre beaucoup de chose. Même s’il est le premier ministre et le chef du gouvernement, il n’a pas menti : il ne dispose pas d’une grande marge de manœuvre face au tout-puissant Conseil national de la transition (CNT), composé exclusivement des membres des forces de défense et de sécurité.
D’abord sur le papier, la Charte de la transition est sans équivoque selon l’article 42 « Le Conseil National de la Transition, en abrégé CNT, assiste le Président de la Transition dans la détermination de la politique de la Nation. Il est composé des membres du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, en abrégé CTRI. Le Conseil National de la Transition exerce les prérogatives définies par la présente Charte et se réfère aux dispositions de la Constitution du 26 mars 1991 ».
Mieux encore, selon une des dispositions de l’article 43 de la Charte de la transition : « Le Premier Ministre, le Chef du Gouvernement et les autres Membres du Gouvernement de la Transition sont nommés par le Président de la Transition. Ils sont placés sous l’autorité du Président de la Transition à qui ils rendent directement compte. »
Idem aussi du point de vue empirique, où plusieurs dossiers échappent au locataire de la primature. Au point que ce dernier a laissé éclater sa colère le 4 décembre dernier, à la salle d’Arambo, lorsqu’il convie à une rencontre, les ministres, sénateurs, députés, cadres de l’administration centrale, du secteur parapublic et du privée, les dignitaires et originaires du Woleu-Ntem, pour démentir la prétendue visite du nouvel homme fort du Gabon dans le septentrion. Dans son viseur, sans le citer, il fait allusion à Bertrand Zibi Abeghe, qui a entamé la veille une visite dans ladite province, pour informer les autorités politiques, administratives, judiciaires, militaires et la notabilité, du séjour d’Oligui Nguema dans ladite province le 15 décembre.
Une démarche mal accueillie par Ndong Sima, et sans doute la goutte d’eau de trop
Car, malgré la tenue de conseil interministériel à la veille de chaque conseil des ministres, toutes les grandes décisions sont prises par le CNT, bien souvent sans consulter le premier ministre. Si ce dernier bénéficie encore du soutien du président de la Transition, à défaut de trouver ses marques, la lune de miel entre Ndong Sima et le CNT pourrait prendre fin d’ici janvier prochain avec la nomination d’un nouveau premier ministre. L’actuel ministre des Comptes publics, Charles M’ba, qui a toute la confiance d’Oligui Nguema pourrait bien lui succéder.
Surtout que dans la foulée du coup d’Etat du 30 août dernier, à la recherche d’un premier ministre, le CTRI s’était rapproché du candidat de la coalition Alternance 2023, Albert Ondo Ossa, qui avait décliné l’offre avant d’opter pour Raymond Ndong Sima qui avait alors coché à toutes les conditions imposées par le CTRI pour diriger le gouvernement de transition.