Un constat accablant
Malgré la présence de cadres hautement qualifiés, l’administration gabonaise peine à se détacher de la corruption, des lenteurs administratives, du favoritisme, du clientélisme et du non-respect des procédures. Un diagnostic sévère dressé par le Premier ministre, qui a rappelé que les cadres réglementaires définis par le décret 378 du 26 mai 2000 et la loi 20 du 3 janvier 2005 sont largement ignorés. Il a pointé du doigt le rôle des inspecteurs généraux, censés être les garants de la régularité dans les ministères, mais qui ont, selon lui, délaissé leur mission initiale au profit de pratiques contraires à l’éthique administrative.
Un rappel à l’ordre sans concession
“Mesdames et messieurs les inspecteurs généraux, où sont vos manuels de procédures ?” a lancé un Raymond Ndong Sima visiblement exaspéré. Dénonçant un abandon des missions fondamentales au profit d’implications directes dans la gestion administrative, il a mis en lumière un conflit d’intérêts préoccupant : “Si vous êtes mêlés à la gestion, comment pouvez-vous alors vous mettre à l’abri de l’irrégularité ? Comment pouvez-vous être juges et parties ?”. Le Premier ministre a ainsi fustigé la complaisance et les pratiques de rétro-commissions, demandant un retour strict au respect des règles en vigueur.
Afin de redresser la situation, il a exigé des inspecteurs généraux qu’ils assurent un suivi rigoureux des activités de leur département et remettent en état les manuels de procédures et d’organisation des services en collaboration avec les secrétaires généraux. Un délai de 60 jours a été fixé pour produire ces documents stratégiques, avec un suivi mensuel rigoureux. “Le compte à rebours a commencé”, a-t-il averti, exigeant des résultats concrets dès le mois de février.
Un combat contre la corruption et le favoritisme
En parallèle, les secrétaires généraux ont été appelés à mettre en place un système de notation équitable et transparent pour évaluer les performances du personnel administratif. “Comment évaluez-vous vos équipes ?”, a interrogé le Premier ministre, insistant sur la nécessité de promouvoir la méritocratie et de bannir les pratiques fondées sur le favoritisme. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des orientations fixées par le Président de la République lors des vœux adressés à l’administration le 10 janvier dernier.
Cette sortie du Premier ministre intervient quelques semaines après le remaniement de son gouvernement, marquant ainsi une volonté affichée de refonder l’administration sur des bases plus rigoureuses.
Raymond Ndong Sima a conclu son intervention sur une note de fermeté : “J’interpelle votre conscience sur ce qui est en train de se faire. Cela ne peut continuer, je vous mets en garde”. Il a promis une purge immédiate des pratiques déviantes, annonçant ainsi une ère de rigueur et de discipline. Cette initiative, qui intervient en début d’année, vise à marquer un tournant décisif avant la fin de la Transition, dans la quête d’une gouvernance exemplaire.
Un test pour l’avenir
Les prochaines semaines seront cruciales pour mesurer l’impact de ces directives. Le gouvernement parviendra-t-il à insuffler un vent de renouveau au sein d’une administration longtemps paralysée par des dysfonctionnements structurels ? Le défi est immense, mais le Premier ministre semble déterminé à le relever. Reste à savoir si cette dynamique de réforme sera suivie d’effets concrets ou si elle se heurtera, une fois encore, à la résistance du système.