Le contrat avec Karpowership avait été suspendu après plusieurs tensions liées à son coût élevé et des difficultés techniques, notamment pour l’installation de la centrale flottante initialement prévue au large de Libreville. Cette suspension avait provoqué une fronde diplomatique, l’ambassadeur turc au Gabon s’en étant vertement pris à Arnauld Engandji-Alandji, Conseiller Spécial du Chef de Département Mines, Hydrocarbures et Énergie du président Oligui Nguema. La situation avait, à l’époque, mis en lumière les désaccords internes au sein du gouvernement gabonais, tout en alimentant les spéculations sur les raisons de cet échec.
L’arrêt du projet de centrale flottante a également entraîné des remaniements ministériels au Gabon. Le ministre de l’Énergie de l’époque, Jannot Kalima, fervent défenseur de ce projet, a été écarté de son poste et affecté à celui de ministre de la Fonction publique.
Autre aspect marquant de cette saga : les enquêtes menées par la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (CNLCEI), concernant Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie et des Participations, et Charles M’ba, ministre des Comptes publics. Ils sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vins dans le cadre de ce projet. Bien que Mays Mouissi a récemment réfuté ces accusations, les rumeurs persistantes sur une corruption autour de ce projet continu d’agiter les cercles politiques et économiques gabonais.
La révision du contrat, qui prévoit désormais un engagement moins coûteux et plus adapté aux réalités économiques du pays, témoigne d’un tournant dans la gestion de ce dossier stratégique pour l’approvisionnement en électricité du Gabon. Si cette révision semble satisfaire les autorités gabonaises, elle est aussi perçue comme un rétropédalage de la part de Brice Clotaire Oligui Nguema, qui, après avoir suspendu le projet, a dû revoir sa position face aux enjeux diplomatiques et énergétiques.
Karpowership, de son côté, revient donc dans le jeu avec une nouvelle offre, alors que la centrale flottante – initialement pensée pour produire 250 MW – ne devrait finalement fournir que 70 MW.
Parmi les autres mesures prises par Brice Clotaire Oligui Nguema, l’achat de deux groupes électrogènes d’une capacité de 1500 kVA et 800 kVA chacun.
Face à la multiplication des coupures d’électricité dans la capitale, à la grogne des populations excédées par les délestages et à quelques mois de la présidentielle, qui se tiendra le 12 avril prochain, ainsi qu’à sa probable candidature, sauf surprise, Oligui Nguema n’avait plus guère le choix, voyant sa popularité s’effriter.