La descente de cinq militaires dans un maquis au quartier Belle-Vue I dans la nuit du 12 au 13 octobre aurait fait plusieurs victimes civiles et serait à l’origine de la mort de Karles Stecy Akué Angoué. Prétextant le non-respect de l’heure du couvre-feu, ces militaires armés auraient été violents vis-à-vis de toutes les personnes qui se trouvaient dans le bar. Sur la toile, depuis la mort du trentenaire, le hashtag Justice pour Karles (#JusticePourKarl) est utilisé pour que les auteurs présumés soient sévèrement punis. L’armée serait-elle prête à reconnaître une bavure ?
Au Gabon, Karles Stecy Akué Angoué, un Gabonais âgé de 30 ans a perdu la vie le 22 octobre au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) où il a été interné après avoir été roué de coups. Que s’est-il exactement passé ? Tout remonterait à la nuit du 12 au 13 octobre. Alors que le couvre-feu instauré dans le pays par les autorités de la transition avait été repoussé à minuit, cinq militaires, «des bérets rouges», auraient fait irruption dans un bar situé au quartier Belle vue I pour punir les civiles qui n’avaient pas respecté l’horaire du couvre-feu. Excès de zèle ? Selon le communiqué des autorités de la transition, les forces de l’ordre qui devaient faire respecter le couvre-feu, devaient garder les indélicats aux check-points.
Ils n’étaient donc pas question de faire irruption dans des bars ou de tabasser d’éventuels indélicats. Pourtant, armés et menaçant les civiles avec leurs armes, ces militaires auraient frappé les occupants du bar. «Après ils ont dit sortez, alignez-vous. On s’est aligné en colonne. Ils n’avaient pas de camion, ils sont venus à pied», a relaté l’une des témoins. Selon elle, les occupants du bar partaient la peur au ventre, du quartier Belle vue I au quartier la Peyrie. «On bastonnait tout le monde, mais ils se sont plus acharnés sur le défunt», a-t-elle expliqué. Arrivés à la Poste d’Akébé, Karles Stecy Akué Angoué, aurait pour ainsi dire, été passé à tabac.
Le coup fatal ?
«Sa tête a cogné au sol une première fois», a-t-elle relaté indiquant que Karles Stecy Akué Angoué ayant perdu sa montre, sa chainette et son téléphone, aurait demandé en fang aux militaires s’il pouvait ramasser son téléphone pour appeler son père. Chose que n’auraient pas appréciée les militaires. «Le costaud béret n’a pas apprécié. Au niveau de la Peyrie, comme il a encore demandé son téléphone pour appeler son père, deux se sont déchaînés sur lui», a-t-elle affirmé. «Ils lui ont tapé un coup au cou qui l’a mis au sol, il ne s’est plus relevé. Ils ont dit personne ne se retourne marchez vite. La personne qui retourne on va lui réserver le même sort», a-t-elle ajouté.
Selon elle et d’autres témoins tout autant victimes qu’elle, les autres occupants du bar ont été conduits dans un bâtiment abandonné à la Peyrie. Là-bas, attendaient deux autres militaires qui auraient à leur tour, passé à tabac les victimes en les frappant entre autres, avec des chevrons. «Ceux qui avaient les moyens financiers pour régler l’amende qu’ils avaient inventée sur place, qu’ils avaient créée, ont pu payer ils sont partis. Nous qui n’avions pas d’argent, nous nous sommes fait bastonner jusqu’aux pieds en l’air», a-t-il déclaré. Selon les témoins, Karles Stecy Akué Angoué n’a plus été revu après s’être écroulé suite au coup reçu au cou. Transporté au CHUL, du 15 au 22 octobre il était admis en Unité de soins intensifs pour la prise en charge d’une altération de conscience.
Un témoin prêt à identifier les militaires
Selon des documents de l’hôpital, Karles Stecy Akué Angoué aurait reçu des coups sur la tête, suivi d’une perte de connaissance. À l’admission aux urgences, il avait une «altération de l’état de conscience avec une Glasglow à 10/15, des ecchymoses multiples» un syndrome d’hypertension intra crânienne, un hématome en lunette avec hémorragie sous conjonctivale droite, une stabilité hémodynamique et respiratoire, en plus d’une «consommation alcoolique non chiffrée». Selon le certificat de décès établi par le Dr Fernande Manga Moundouo, le 27 octobre, le décès a été constaté le 22 octobre à 6h50mn avec à la clé, la nature de l’affection «traumatologique».
Si le procureur de la République a promis l’ouverture d’une enquête, la famille du défunt et l’opinion crient justice. «Il faut qu’une enquête soit ouverte. Tout le monde doit connaître la suite de cette affaire», a déclaré Jean Marie Angoue, le père du défunt. «Les parents pour faire le deuil, nous voulons la vérité là-dessus», a-t-il ajouté. La dépouille se trouve toujours au CHUL et la famille assure que leur fils ne pourra être inhumé qu’après que justice soit faite par les autorités de la transition. L’armée reconnaîtra-t-elle une bavure ? Une des témoins dit pouvoir identifier «les deux costauds qui ont mis Karles dans le coma» et l’autre dit-elle, «qui nous a bastonné avec le chevron».