Si Essono Ondo ne cite jamais directement François Ndong Obiang, les griefs qu’il expose clairement visent la manière dont le congrès a été mené, une gestion qu’il juge contraire aux statuts et aux principes démocratiques. L’ancien vice-président de Réagir fustige une « composition irrégulière du Collège électoral », où seuls des délégués acquis à la cause du président sortant auraient été convoqués, excluant des figures importantes du parti. Cette manœuvre, selon lui, a vicié toute délibération.
Plus grave encore, Essono Ondo met en lumière une tentative de révision statutaire, notamment de l’article 16, visant à permettre au président sortant de briguer un nouveau mandat malgré une situation d’incompatibilité. Il révèle que malgré des discussions en commission et une demande de vote des congressistes, le bureau du congrès aurait délibérément « violé » l’article 28.2 en ne soumettant pas ces modifications au vote. Cette omission, aux yeux d’Essono Ondo, invalide toute la procédure de révision statutaire.
Le renouvellement du bureau exécutif est également au cœur de la contestation. Essono Ondo affirme catégoriquement que les congressistes n’ont jamais été appelés à voter pour la nouvelle équipe dirigeante. Il décrit une simple lecture de noms, en violation flagrante des articles 28-3 et 24 des statuts qui prévoient une élection à la majorité absolue et un scrutin uninominal. Derrière ces manquements, transparaît l’ombre de François Ndong Obiang, figure tutélaire dont l’influence sur le parti est notoire.
En accusant la direction de Réagir de « violer sans vergogne la loi » et de mettre en place des pratiques comparables à celles de dirigeants modifiant la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir (une allusion transparente aux méthodes souvent attribuées à des figures autoritaires), Lionel Essono Ondo dresse un portrait alarmant de la gouvernance actuelle du parti. Son silence antérieur, justifié par la nécessité de ne pas perturber la campagne en faveur de Brice Clotaire Oligui Nguema, est désormais brisé face à ce qu’il considère comme des dérives inacceptables.
Pour Essono Ondo, ces agissements sont « à l’antipode des valeurs garanties par la Constitution de la Vème République ». En claquant la porte, il refuse d’être complice d’un système qu’il perçoit comme une manipulation orchestrée par un « groupuscule d’individus » cherchant à instrumentaliser Réagir pour leurs propres ambitions. Si l’article ne nomme pas directement François Ndong Obiang comme l’instigateur de ces violations, le contexte et les accusations portées par son ancien protégé suggèrent fortement que le premier cité est au centre de cette crise interne.