Johan Bounda, âgé de 23 ans, a perdu la vie le 21 décembre 2024, alors qu’il était en garde à vue à la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM), également connue sous le nom de B2. Accusé de vol de bijoux et d’argent au domicile de son ancien supérieur, le jeune militaire a été arrêté avant de mourir dans des circonstances controversées, avec des accusations de torture émergeant rapidement. Cette affaire a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique, amenant la famille de la victime à dénoncer tout récemment une justice trop lente et une enquête qui peinait à avancer.
À l’issue du conseil des ministres du 17 janvier 2024, le général Oligui Nguema a réagi en limogeant plusieurs responsables de l’administration militaire, allant du général Jean Martin Ossima Ndong, ex-chef d’État-major général des Forces armées gabonaises, au directeur général de la DGCISM, ainsi qu’à d’autres cadres de l’administration impliqués. Si ces mesures administratives semblent répondre à une volonté de donner des gages de fermeté, la question qui se pose est celle de leur efficacité face à la gravité des faits.
Des semaines après la mort de Johan Bounda, la ministre de la Défense, Brigitte Onkanowa, s’était engagée publiquement à punir les coupables, y compris au sein de son propre ministère. L’opinion attendait des actions concrètes, mais jusqu’à présent, ce sont principalement des sanctions administratives qui ont été appliquées. Le limogeage de Jean Martin Ossima Ndong, notamment, semble plus comme un geste symbolique qu’une véritable sanction pénale. En effet, l’ex-officier de haut rang, impliqué dans l’affaire, même s’il a été auditionné, n’a pas fait l’objet de poursuites judiciaires directes à ce jour.
Cette situation laisse un goût amer à de nombreux observateurs. Pour certains, ces limogeages dans l’administration militaire ne sont que des réprimandes internes, destinées à calmer l’opinion sans s’attaquer véritablement aux responsables des actes illégaux qui ont conduit à la mort de Johan Bounda. Le simple écartement des responsables administratifs, sans qu’aucune justice pénale ne soit véritablement rendue, pourrait nourrir le sentiment d’une impunité persistante au sein de l’appareil d’État. De plus, la lenteur de l’enquête, couplée à l’absence de mesures plus sévères, laisse planer un doute sur la volonté réelle des autorités de mener une véritable justice.
La famille de Johan Bounda, qui a pris la parole publiquement pour dénoncer la lenteur du processus judiciaire, espérait sans doute que l’affaire donnerait lieu à une justice équitable, incluant des sanctions pénales pour les responsables de la mort de leur fils. Or, jusqu’à présent, les mesures prises par le gouvernement n’ont que peu rassuré les proches de la victime et l’opinion publique, qui attendent davantage que des décisions administratives.