Le gouvernement gabonais a signé, le 15 février 2025, un protocole d’accord avec le groupe turc Karpowership pour la fourniture de 70 MW d’électricité au Grand Libreville. Pour Ngoubou, cette solution, bien que présentée comme une alternative nécessaire, est loin d’être idéale. Il estime que cette décision traduit un manque d’anticipation des autorités, réduites à opter pour une solution d’urgence plutôt que de prévoir une réponse durable aux problèmes structurels du secteur énergétique. Selon lui, le Gabon n’étant ni en guerre ni en crise environnementale, il est absurde d’adopter une solution conçue pour des situations d’instabilité. Il redoute que cette situation suive le même schéma que celui observé avec Aggreko, dont les installations temporaires sont devenues une présence permanente depuis 2007.
Le contrat prévoit que la SEEG versera 1,8 milliard de francs CFA par mois à Karpowership, tandis que l’État prendra en charge les factures de fioul lourd importé du Nigéria, soit trois milliards de francs CFA mensuels. Ngoubou doute fortement de la capacité de l’État à supporter cette charge, rappelant que le gouvernement peine déjà à régler ses propres factures d’électricité et d’eau, dont la dette annuelle s’élève à 30 milliards de francs CFA. Il critique aussi la gestion de la SEEG, qui souffre d’un modèle économique inadapté et d’une mauvaise administration des infrastructures. Pour remédier à cette situation, il propose que la gestion de la SEEG soit confiée à la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG), tandis que l’État devrait se limiter à un rôle de régulateur politique.
Pour une sortie durable de la crise, Ngoubou préconise d’abord un audit technique et financier de la SEEG depuis le départ de Veolia. Il souligne la nécessité de réévaluer les infrastructures en construction, notamment les barrages hydroélectriques de Kinguélé Aval et Ngoulmendjim, qu’il juge trop coûteux et peu rentables. La restructuration du personnel de la SEEG est aussi cruciale, car l’entreprise manque de techniciens qualifiés et souffre d’une suradministration. Il appelle à une rationalisation des investissements et à une externalisation des services de production et de transport de l’électricité vers la Société de Patrimoine de l’Eau Potable et de l’Électricité. Il recommande également la mise en place d’une stratégie de modernisation et d’extension des infrastructures, ainsi qu’un suivi rigoureux des investissements pour assurer leur efficacité.
La crise de l’électricité et de l’eau potable ne date pas d’hier. Ngoubou rappelle que la situation s’est progressivement dégradée en raison d’un manque de formation des techniciens et d’une gestion approximative des infrastructures. Il cite des anecdotes illustrant la négligence dans l’entretien des installations, comme celle de techniciens lavant des filtres à air avant de les réutiliser, faute de moyens pour en acheter de nouveaux.
Sur la question du nucléaire, il se montre réservé. Il rappelle que la gestion d’une centrale nucléaire nécessite des institutions solides et une rigueur qui font aujourd’hui défaut au Gabon. Il estime qu’avant d’envisager un tel projet, le pays doit d’abord maîtriser les technologies de base et assurer une meilleure gestion des infrastructures existantes.
En conclusion, Ngoubou appelle les futures autorités élues le 12 avril 2025 à prendre des décisions stratégiques et à sortir l’énergie et l’eau potable du champ de l’ingérence politique. Pour lui, seule une réforme profonde et bien planifiée permettra au Gabon d’assurer une fourniture stable et abordable d’électricité et d’eau potable à sa population.