Bilie-By-Nze accuse Moundounga
Lors d’une tournée dans le sud du pays dans le cadre de l’ACBBN Gabon Tour, Alain-Claude Bilie-By-Nze a directement mis en cause Séraphin Moundounga, l’accusant d’être à l’origine de la suppression des bourses scolaires au secondaire et au lycée. Il a rappelé que, lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, Moundounga aurait estimé que ces aides financières ne servaient plus à grand-chose et que leur suppression permettrait de financer la construction d’écoles. Toutefois, selon Bilie-By-Nze, cette décision s’est traduite par une double perte : les élèves ont vu leur bourse disparaître sans pour autant bénéficier de nouvelles infrastructures scolaires.
« Il y avait un ministre de l’Éducation nationale qui était en même temps ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’appelait Séraphin Moundounga. Et aujourd’hui, quand je vous dis que rien n’a changé, il est à la tête d’une institution de la transition.
Le jour où vous le verrez, posez-lui la question. Parce que ce qu’il avait dit, c’est quoi ? Il avait dit que la bourse qu’on paie aux enfants ne sert plus à grand-chose. Il faut prendre cet argent pour construire les écoles. C’est ce qu’il avait dit. Et malheureusement, on a coupé la bourse aux enfants et il n’y a pas eu les écoles. »
Moundounga contre-attaque
Face à ces accusations, Séraphin Moundounga a vivement réagi, démentant toute implication dans cette réforme. Il a rappelé qu’il avait quitté son poste de ministre de l’Éducation nationale en février 2014, avant de prendre la tête du ministère de la Justice, puis de partir en exil en France. Selon lui, la suppression des bourses scolaires est une décision prise par le gouvernement d’Ali Bongo bien après son départ.
« La suppression des bourses dont il parle est intervenue alors que j’étais déjà en exil en France. J’avais quitté l’Éducation nationale deux ans et demi avant, en février 2014, et j’étais ensuite au ministère de la Justice pendant deux ans et demi.
Donc, vous comprenez que les mesures qui ont été prises pendant que j’étais en exil ne peuvent pas me concerner ni m’engager. La bourse a été supprimée par le régime d’Ali Bongo et ses différents membres du gouvernement, dont un certain Bilie-By-Nze qui était porte-parole de ce gouvernement. Moi, je me trouvais en exil, sauf si j’ai un don d’ubiquité. »
L’ancien ministre a, par ailleurs, vivement critiqué Bilie-By-Nze, le comparant à « un serpent qui est décapité ».
« (…) lorsque j’ai appris pendant mon exil qu’il avait été nommé Premier ministre, je me suis souvenu de la sagesse des populations turques.
Chez les Turcs, ils disent que lorsqu’un clown ou un comédien, bien sûr, s’installe sur un trône,
Il ne devient pas roi, c’est plutôt le palais royal qui devient une sorte de cirque. », a-t-il ajouté à travers une pique qui traduit la virulence de cet affrontement.
Un débat aux enjeux électoraux
Supprimée en 2017, la bourse scolaire a été rétablie avec l’arrivée des militaires au pouvoir. Lors de sa prestation de serment, le 4 septembre 2023, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait promis le rétablissement de cette aide financière aux élèves.
Si Alain-Claude Bilie-By-Nze sera probablement candidat à la présidentielle du 12 avril, bien qu’il n’ait pas encore officialisé sa candidature, Séraphin Moundounga, lui, apparaît comme un soutien inconditionnel du nouvel homme fort du pays. En janvier dernier, lors de la cérémonie des vœux au chef de l’État, il avait comparé Brice Clotaire Oligui Nguema à Charles de Gaulle et appelé les militaires à exercer pleinement le pouvoir.
Ce vif échange entre Bilie-By-Nze et Moundounga illustre les tensions qui s’accroissent à l’approche de la présidentielle d’avril prochain. Et alors que la campagne électorale pour la présidentielle se prépare, cette confrontation ne sera sans doute pas la dernière.