Lors d’une assemblée générale tenue hier, des mesures fortes ont été adoptées pour protester contre la suspension de leur directeur général, Ruffin Didzambou : fermeture symbolique du portail de l’établissement, proclamation de trois journées « école morte » et exigence de la réhabilitation immédiate de ce dernier.
Origine de la crise : une suspension contestée
La décision de suspendre Ruffin Didzambou, annoncée par Camélia Ntoutoume-Leclercq le 3 janvier dernier, est au cœur de cette confrontation. Elle reproche au directeur général une insubordination, notamment pour avoir organisé des assises et pris des décisions sans consultation préalable du conseil d’administration ou de la ministre. Parmi ces initiatives figure la création de BTS, perçue comme allant à l’encontre de la vocation première de l’ENS, dédiée à la formation des enseignants.
Pour le Snec-ENS, cette suspension est jugée « arbitraire » et « illégitime ». Selon le Pr Hilaire Ndzang Nyangone, président du syndicat, seul un décret présidentiel, émis sur proposition du ministre de l’Enseignement supérieur, peut révoquer le directeur général de ses fonctions. En conséquence, l’assemblée générale a voté à l’unanimité le maintien de Ruffin Didzambou à son poste.
Exigences du Snec-ENS et mesures de protestation
Outre la réhabilitation de leur directeur, les enseignants-chercheurs demandent la sortie immédiate de l’ENS de la cotutelle avec le ministère de l’Éducation nationale. Ils estiment que la gestion de l’établissement relève exclusivement de l’Enseignement supérieur. Qualifiant l’implication du ministère de « gestion intrusive et toxique », le syndicat a proclamé trois journées « école morte » en signe de protestation.
« Le qualificatif ‘supérieur’ de cette école indique clairement qu’elle appartient à l’enseignement supérieur. La ministre de l’Éducation nationale doit se concentrer sur les problèmes de son propre département », a affirmé Hilaire Ndzang Nyangone.
Une crise symptomatique d’une gestion floue
Cette situation met en lumière le flou institutionnel entourant la répartition des compétences entre les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Alors que le Snec-ENS défend avec ardeur Ruffin Didzambou, des interrogations subsistent : est-il victime d’une guerre d’autorité entre ministères ou un acteur trop indépendant ?
Dans l’attente d’une réponse des autorités, cette crise illustre un problème plus profond de gouvernance qui menace le fonctionnement harmonieux de l’ENS. Pour l’instant, les enseignants-chercheurs maintiennent leur position, tandis que la ministre, elle, reste silencieuse face à une situation qui ne cesse de s’envenimer.