La démission d’Essono Ondo n’était pas anodine. Intervenue après un congrès houleux, elle s’accompagnait d’accusations graves d’Essono Ondo envers la direction, qu’il a accusée de “violer sans vergogne la loi”, notamment via “la composition irrégulière d’un collège électoral” qui aurait permis de confirmer François Ndong Obiang à la présidence.
Derrière la démission d’Essono Ondo, c’est une dixaine de coordinations du parti qui ont décidé de quitter également RÉAGIR, pour protester contre “l’autoritarisme” de Ndong Obiang et d’intégrer le parti “Destinée Républicaine”, fait savoir une source.
Face à cette contestation et au départ de son ancien numéro deux, la réaction de la direction actuelle, présidée par Ndong Obiang, ne s’est pas fait attendre. Une note d’information signée du Secrétaire Exécutif, Joël Richard Boungat, a été diffusée aux militants.
Dans cette note au ton martial, il est explicitement reproché à Essono Ondo de chercher à débaucher des militants pour son nouveau parti. Le Bureau Exécutif y affirme que “certains militants proches de Persis Lionel Essono Ondo s’activent pour fragiliser notre Parti”. Cette désignation d’un ennemi intérieur par la direction en place est significative de la tension ambiante.
La conséquence annoncée est immédiate et sévère : la suspension “à titre conservatoire” des militants concernés des groupes de discussion du parti, en attendant d’éventuelles sanctions disciplinaires ou leur départ. Cette rapidité et cette fermeté dans la riposte soulèvent des questions : la frange de Ndong Obiang cherche-t-elle simplement à asseoir son autorité, ou cette offensive traduit-elle une forme de fébrilité, voire de panique, face à l’hémorragie potentielle de militants et à la contestation de sa légitimité ?
L’appel lancé aux militants restants à “redoubler de vigilance et à rester sereins”, tout en rappelant la mission sacrée de “Réappropriation du Gabon”, sonne comme une tentative de resserrer les rangs face à l’adversité interne.
Ces événements dessinent le portrait d’une frange profondément fracturée. Au-delà de la simple friction, les méthodes employées par la direction – suspensions préventives, accusations publiques – associées aux graves irrégularités dénoncées par Essono Ondo à la suite du congrès, alimentent fortement les critiques qui pointent une possible dérive autoritaire.
Ces détracteurs estiment que ces actions visent moins à protéger l’aile de RÉAGIR dirigée par Ndong Obiang mais plutôt à éliminer toute voix dissidente et à consolider un pouvoir acquis dans des conditions contestées.