Une dette publique déjà abyssale
Cette nouvelle décision intervient alors que la dette publique du Gabon atteint déjà des niveaux critiques. Selon les dernières estimations, le pays affiche une dette qui frôle les 7 000 milliards FCFA, soit près de 70 % du PIB. Une situation qui inquiète les observateurs et les bailleurs de fonds internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI), qui appelle régulièrement à une plus grande discipline budgétaire.
Lors de son discours des vœux à la nation pour le Nouvel An, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait annoncé que le Gabon ferait appel au FMI dans le cadre d’un plan d’assistance. Cette déclaration visait à rassurer sur la stabilité économique du pays, mais elle soulève une contradiction avec la décision actuelle d’alourdir encore davantage la dette nationale.
Pourquoi le gouvernement de transition, censé gérer les affaires courantes avant la tenue d’élections transparentes, contracte-t-il un tel emprunt à seulement quelques semaines de la fin de son mandat ? Cette question demeure sans réponse claire. En l’absence d’une justification précise sur l’affectation des fonds, certains redoutent une utilisation hasardeuse, voire électorale, de cette manne financière.
Un programme de transition qui interroge
Le Programme National de Développement de la Transition (PNDT), prétendument financé par cet emprunt, reste lui-même flou. Quels projets concrets seront réalisés avant avril 2025 ? Quels sont les mécanismes de suivi et d’évaluation prévus pour garantir la transparence et l’efficacité de cette utilisation des fonds ?
Dans un contexte où le Gabon peine à rembourser ses dettes antérieures et où les finances publiques sont sous pression, la décision du gouvernement de s’endetter davantage suscite des doutes. D’ailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) avait déjà suspendu sa coopération avec le Gabon en raison de retards d’impayés. Cette situation inquiétante montre que le pays peine à honorer ses engagements financiers, rendant encore plus discutable cette nouvelle dette contractée en fin de transition. À quoi servira réellement cet emprunt ? Ne risque-t-il pas d’alourdir encore plus la charge de la dette, compromettant les marges de manœuvre du futur gouvernement issu des urnes ?
Une stratégie budgétaire contestée
Si le financement du développement est crucial, les modalités de cet endettement soulèvent des interrogations quant à la pertinence de la gestion actuelle des finances publiques. Le Gabon aurait-il d’autres options pour financer ses projets sans recourir systématiquement à l’endettement ? La lutte contre la corruption et l’optimisation des ressources existantes ne devraient-elles pas être une priorité avant tout nouveau recours à un emprunt international ?
Dans tous les cas, le futur gouvernement issu des urnes devra faire face à une réalité budgétaire tendue et à une dette qui ne cesse de croître. Une situation qui ne manquera pas d’alimenter les débats politiques dans les semaines à venir.