Pour la première fois, dans l’histoire de la République, lors d’un discours télévisé à la nation, le chef de l’Etat s’est adressé aux gabonais, debout devant un pupitre. Exit le scénario à l’Abdelaziz Bouteflika ! Celui d’un président-candidat, à la mobilité réduite, n’effectuant que de rares apparitions et laissant ses alliées battre campagne à sa place, par procuration à la présidentielle de 2023. Et dont l’aptitude à gouverner est régulièrement remise en cause et l’entourage accusé d’exercer une influence considérable en violation de la Constitution. Le pire cauchemar pour Ali Bongo et son entourage, mais un scénario qui semble devenir improbable au fur et à mesure que la présidentielle approche au grand dam des états-majors de l’opposition.
Ensuite Ali Bongo a réalisé une performance vocale. Depuis qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral en octobre 2018 à Ryad, le président de la République nous avait habitué à une voix enrouée, éraillée, faible. Hier soir, les gabonais médusés ont retrouvé un Ali Bongo d’avant son attaque cardiaque : une voix gutturale, rauque et profonde.
Du pain bénit pour les soutiens d’Ali Bongo qui avaient déjà prévenu l’opposition notamment le Collectif Appel à Agir satellite du parti de l’opposition l’Union nationale et qui remet régulièrement en cause les aptitudes d’Ali Bongo à gouverner, en demandant une expertise médicale de ce dernier. Alain Claude Bilie-By-Nze, fraichement nommé porte-parole du gouvernement avait dégainé le « projet de société de l’opposition c’est la maladie d’Ali Bongo (…) l’UN ferait mieux de commencer à se demander qui dirige ce parti, qui est leur candidat à la prochaine élection présidentielle (…) L’UN ferait mieux de commencer à répondre à cette question en nous disant qui est son candidat pour 2023 ».