Il est inadmissible que ce soit devant son poste de télévision, en présence de sa femme et de ses enfants, qu’un responsable, un directeur général, un secrétaire général, un directeur, par exemple, apprenne qu’il est viré et, sans autre affectation, qu’il va devoir s’asseoir à la maison. Mérite-t-il de subir cette humiliation d’autant qu’il estime avoir donné le meilleur de lui-même à la tâche et qu’il a été loyal ? Comment aborder les lendemains ? Comment supporter les regards des voisins, des collègues, des collaborateurs, regards chargés de soupçons de détournement de fonds ? Comment faire face à la chute des revenus consécutive à cette décision discrétionnaire ? Comment ne pas succomber à un AVC ou une dépression lorsque l’on pense aux charges que cette position permettait d’honorer, notamment la scolarité des enfants envoyés étudier à l’étranger sans bourse ?
Un turnover de 100, 200 nominations à chaque réunion du Conseil des ministres est impressionnant. Toutes ces personnes ont-elles démérité ou ont-elles simplement manqué de pistons solides pour les maintenir en poste ?
Oui, il faut une mobilité, mais celle-ci doit obéir à des critères objectifs et justes pour tous. Car, pendant que plusieurs bougent, d’autres sont assis sur des titres fonciers.
Sauf faute grave susceptible d’être prouvée ou plusieurs rappels infructueux à l’ordre, cela coûte quoi d’appeler un collaborateur à un entretien préalable pour l’informer de sa proche éviction, le rassurer, afin qu’il prenne ses dispositions ? Le cynisme atteint son paroxysme lorsque, en journée, l’on a travaillé et rigolé normalement avec le chef, et en soirée, on découvre, à la lecture du communiqué final du Conseil des ministres, que l’on a été viré sans ménagement.
Le respect dû aux concitoyens commande un changement de méthodes, de procédures, mieux, de culture managériale. Car, ne l’oublions pas, personne, mais alors là, personne, n’est à l’abri d’une éviction, sous une forme ou sous une autre.