Interrogé au sujet de la pression exercée par la communauté internationale sur les autorités de la transition pour la transmission rapide du pouvoir au civil, le porte-parole du gouvernement pointe du doigt la passivité des instances internationales, pendant les quatorze ans de magistère du régime d’Ali Bongo Ondimba pourtant marqué par la fraude électorale et les violations des droits de l’homme. « (…) la communauté internationale, elle s’inquiète de voir les militaires au pouvoir mais les Gabonais auraient aimé qu’elle s’inquiète tout autant de voir les Bongo au pouvoir pendant 60 ans. Elle ne s’est pas inquiétée de voir Ali Bongo voler les élections en 2009, les voler en 2016, malgré le rapport de la mission d’observation de l’Union Européenne, qui avait bien dit que l’élection a été fraudée, malgré les deux résolutions votées par le parlement européen, demandant des sanctions contre le régime d’Ali Bongo. Donc cette communauté internationale ne s’est pas inquiétée lorsque les Gabonais croupissaient sous un régime qui les a asservis, avilis et pillé le pays pendant tout ce temps. Alors la transition durera le temps que les Gabonais auront décidé qu’elle dure. », déclare-t-elle.
Laurence Ndong dit ne pas craindre les sanctions internationales surtout que selon cette dernière le Gabon se porte mieux depuis l’arrivée au pouvoir des militaires. « Nous n’avons pas de sanction à craindre parce que le Gabon se porte bien. En deux mois seulement, le Gabon a pu rembourser tous ses arriérés, à la Banque mondiale au FMI, à la Banque islamique de développement, à la Banque africaine de développement, à l’Agence française de développement. Le Gabon aujourd’hui va mieux que le 30 août. Ll est entrain de normaliser ses relations et même sur le plan financier on rembourse nos dettes. », et « l’action des militaires à la tête du Gabon fait du bien au peuple gabonais. », affirme-t-elle.
Pour Laurence Ndong, il n’y a pas de junte au pouvoir, le régime actuel est un pouvoir civil. « quand on parle des militaires au pouvoir, il faut quand même que l’on précise que le gouvernement qui a été mis en place est un gouvernement de 27 ministres, dans lequel il n’y a que 4 militaires donc ce n’est pas une junte militaire qui est au pouvoir, le gouvernement est constitué à sa grande majorité de civil. Donc on pourrait dire que le pays est entre les mains des civils, même si les militaires ont pris le pouvoir. », explique-t-elle.
Quid du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) composé seulement que de militaires et que plusieurs observateurs considèrent en réalité comme un gouvernement bis d’où viendrait en réalité toutes les décisions prises par le gouvernement dirigé par le premier ministre Raymond Ndong Sima ? « Oui il y a le CTRI qui est là mais le CTRI est dans l’ombre et le CTRI laisse les mains libres aux civils pour diriger le pays parce qu’ils ont compris que ce n’est pas le rôle des militaires. Leur rôle est de protéger le pays et ils ont protégé le pays contre le régime d’Ali Bongo et maintenant il compte sur les civils pour le redresser et le mener à des élections libres et transparentes qui se dérouleront au moment où les Gabonais trouveront que notre pays est redressé. », défend-t-elle mordicus.
Pour Laurence Ndong, pour couper court à tout projet politique présidentiel, il est logique que la Charte de la transition interdise aux membres du gouvernement de se présenter à la présidentielle. « je pense c’est que c’était bien que ceux qui sont dans le gouvernement n’est pas un double agenda qu’il ne soit pas là en se disant, je profite de ma position dans le gouvernement de transition pour préparer l’après et me présenter à l’élection présidentielle. Nous sommes là pour recréer notre pays et nous avons un seul agenda. (…) Donc ne pas être candidat à l’élection présidentielle pour moi ça va dans le bon sens. C’est ce qu’il faut exactement quand on est dans un gouvernement de transition. Maintenant que le président, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema puisse être candidat, ou veut être candidat, pourquoi cela générait si l’élection est libre et transparente et que les Gabonais choisissent librement le problème ne se pose pas en réalité ? », questionne-t-elle, avant de conclure « Ce qu’il nous faut, nous c’est une élection libre et transparente et nous y travaillons. »
Alors qu’il a promis remettre le pouvoir au civil après la transition, le porte-parole du gouvernement estime que Brice Clotaire Oligui Nguema est libre de se présenter à la présidentielle, surtout que selon cette dernière de plus en plus de Gabonais appellent désormais à la candidature du président de la Transition. « Le président Oligui a fait ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, il est considéré par le Gabonais comme un Messi, comme un bienfaiteur. Les Gabonais commencent même à appeler à sa candidature. Donc pour nous le problème ne se pose pas pour l’instant. Pour l’instant, ce que nous voulons c’est que notre pays soit remis sur les bons rails et si l’élection est libre et transparente tous ceux qui voudront se présenter en dehors du gouvernement de transition se présenteront en étant sereins en sachant que il n’y aura pas de fraude électorale comme on a été malheureusement habitué, (…) Si les civils veulent que le Général Oligui se présente, il est encore libre, il peut refuser, il n’a pas déclaré sa candidature, il n’a jamais dit qu’il sera candidat ou pas. Donc ce n’est pas le moment de supputer là-dessus. Je pense qu’il y a mieux à faire que supputer sur la candidature du Général Oligui Nguema. », affirme-t-elle.
« Dans le PDG, il y avait des gabonais qui aiment le Gabon et qui sont des personnes intègres. Il ne suffit pas d’avoir été au PDG pour être diabolisé pour être mis de côté et puis le PDG a été le parti unique quelque part. Tous les Gabonais ont été au PDG à moment donné puisque les cotisations étaient même prélevées sur les salaires, donc là n’est pas le problème. Le problème c’est qu’il y a des responsabilités individuelles de ceux qui étaient dans le PDG et qui ont posé des actes pas parce qu’ils étaient simplement dans le PDG mais parce que ce sont des individus à part entière qui ont fait le choix soit de détourner des deniers publics ou de commettre, des crimes financiers ou tout autre crime. Monsieur Jean François Ndongou est-ce que quelqu’un lui connait des détournements des deniers publics ? Madame Paulette Missambo, elle est la présidente du Sénat, elle est dans l’opposition depuis 2009. Qu’est-ce que va lui reprocher ? », répond-t-elle face à une grande partie de l’opinion qui réclame l’exclusion des cadres de l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais des instances des institutions de la Transition.
Alors que l’opinion publique estime à tort ou à raison que la justice ne fait pas assez pour arrêter les auteurs de crimes économiques et financiers du précédent régime, Laurence Ndong appelle au respect des procédures judiciaires : « Nous ne voulons pas reproduire le régime qui a été démis. On ne va pas aller arrêter des gens sur des ouï-dire dire, il faut prendre le temps de l’enquête judiciaire et ses procédures, elles sont enclenchées donc laissons le temps au temps. Le peuple est chaud, il y en a qui veulent tout de suite qu’il y a des règlements de compte. Mais si nous allons arrêter des gens sans avoir respecté les procédures judiciaires, nous serons entrain de reproduire contre quoi on s’est battu. »