Initialement perçue comme une opportunité pour moderniser la CNNII, cette concession de longue durée s’est rapidement heurtée aux obstacles opérationnels. Lors d’une rencontre le 29 novembre avec des employés de la compagnie, excédés par 17 mois d’arriérés de salaires et l’attente de la matérialisation de la concession, le directeur général de la CNNII, le contre-amiral Alain Jérôme Mounguet Igoulé, a déclaré des lacunes dans la mise en œuvre du partenariat.
« Il y a dans ce partenariat des problèmes », a-t-il déclaré, soulignant que le groupe Ebomaf, malgré ses compétences avérées dans les infrastructures routières et immobilières, « s’essaie au Gabon sur quelque chose qu’il ne maîtrise pas : la mer ».
Des navires inadaptés et une exécution compromise
La concession stipulait qu’Ebomaf fournirait des bateaux et du matériel technique pour relancer les activités de la CNNII. Si des navires ont bien été acquis, seuls un d’entre eux est exploitable immédiatement, les autres nécessitant une révision ou une adaptation des personnels. Le contre-amiral Mounguet a également révélé que ces achats se sont faits sans la participation des représentants de la CNNII, alimentant les frustrations.
« Un seul bateau est immédiatement opérationnel à son arrivée. Quant aux plus gros, nos personnels doivent être formés à leur utilisation, ce qui nécessite certaines adaptations », a expliqué le contre-amiral Mounguet. Il a précisé avoir proposé le remplacement de ces navires, sans succès. « À qui donc la faute si les choses se sont faites sans les représentants de la CNNII ? », a-t-il questionné, en appelant à une meilleure concertation pour rectifier ces erreurs.
Une crise financière et sociale persistante
En plus des défis techniques, la situation financière de la CNNII reste préoccupante. La compagnie aurait besoin de 6 milliards de francs CFA pour régulariser ses arrivées de salaires et stabiliser ses activités. Toutefois, les fonds nécessaires semblent tarder à être débloqués, aggravant les tensions entre les employés et la direction.
De plus, la création par Ebomaf d’une nouvelle entité, la Panafricaine de logistique, perçue comme une concurrente directe de la CNNII, suscite des interrogations sur les intentions réelles du groupe burkinabé.
Face à ces difficultés, le PDG d’Ebomaf envisage désormais une séparation à l’amiable avec la CNNII, une solution qui pourrait éviter une escalade du conflit.